Chapitre 0 (1)

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Tu te faufiles discrètement vers le puits : les commères du village y sont rassemblées, et elles forment un cercle serré et hochent la tête, la mine grave, leurs seaux pendant au bout de leurs bras potelés. Tu te glisses entre deux ménagères qui sont trop concentrées pour remarquer ta présence, et tends l'oreille.

— ...mari dort mal ces jours-ci. Un cauchemar le hante depuis une bonne semaine, une sorte de mauvais rêve incompréhensible ! Il dit qu'il voit des flammes et entend des cris, et puis plus rien.

— Quelle horreur, s'exclame une des femmes.

— C'est terrible ! renchérit une autre.

— Ce ne serait pas une sorte de... rêve prémonitoire?

— Je ne sais pas, répond la première femme d'un air pensif, et ses doigts boudinés triturent nerveusement les épaisses boucles noires qui s'échappent de son foulard orange. Vous savez, il a déjà fait des rêves prémonitoires. Quelque jours avant que je ne découvre que j'étais enceinte d'Orphélie, il avait rêvé qu'une cigogne venait déposer une rose devant notre porte...

— Incroyable ! s'extasient plusieurs des villageoises babillardes.

— Mais des cris, des flammes... C'est un mauvais présage, fait remarquer une autre.

— Il n'est pas le seul à avoir un mauvais pressentiment, glousse une petite blonde au visage joufflu. Bruno me répète que les animaux ne mangent plus depuis quelques jours, et qu'ils restent tous tapis dans un coin de l'enclos ! Maintenant que j'y pense, c'est comme ça depuis qu'il a ramené à la maison un petit chien qu'il a trouvé hors du village.

Plusieurs cancanières s'esclaffent.

— Un petite boule de poils avec des yeux gros et brillants comme des étoiles, continue la femme, et elle mime avec ses mains la taille de l'animal. Gros comme ça ! Mon mari m'a dit de ne pas en parler aux gens du village, parce qu'ici nous sommes en général assez réticents envers tout ce qui vient de l'étranger... Mais je vous le dis parce que je vous fais confiance, hein.

— Oui, oui ! répondent les villageoises, en hochant vigoureusement la tête.

Soudain, la discoureuse semble enfin remarquer ta présence, et ses yeux s'écarquillent.

— [tonprénom] ! s'exclame-t-elle en laissant échapper un petit rire forcé, et tout d'un coup tout le monde se tourne vers toi. Qu'est-ce que tu fais ici?

Une des femmes remarque les paniers repas que tu tiens.

— Oh ! Tu vas porter son repas à ton père? demande-t-elle gentiment, et tu hoches la tête. C'est bien, mon enfant.

— C'est bien, c'est bien, répètent les autres femmes.

— Il se fait tard, tu ne devrais pas perdre ton temps avec nous, roucoule la première commère, et ses doigts trifouillent toujours ses boucles ébènes. Et passe le bonjour à ta maman, hein !

Tu acquiesces et tournes les talons. Tandis que tu t'éloignes, un frisson te parcourt l'échine, et tu as la désagréable impression que, dans ton dos, leurs regards sont encore fixés sur toi. Tu peux à présent aller :

— à l'école pour saluer ton maître d'armes : rends-toi en (2)
— discuter avec Pervenche : rends-toi en (3)
— rendre visite au vieux Basile, dont la porte est grande ouverte : rends-toi en (4)
— au lac, livrer le panier repas à ton père : rends-toi en (5)
— essayer de sortir du village : rends-toi en (6)

Fiery Quest (Épopée interactive)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant