Fiery Quest (Épopée interactive)

Chapitre 0 (5)

Tu décides d'aller accomplir la tâche que t'a confié ta mère, c'est-à-dire livrer à ton père le panier repas qu'elle a préparé. Tu prends donc la direction du lac. Il te faut cinq bonnes minutes de marche pour traverser tout le village, et tu aperçois au loin, à travers les murailles en bois, la grande étendue d'eau translucide qui borde le village, sur laquelle se reflètent le soleil et les alentours verdoyants. Ton père te tourne le dos, sa canne à pêche passant par le système qu'il a inventé pour pouvoir pêcher depuis l'intérieur du village, sans devoir se faire accompagner par un garde qui le protègera des monstres. Plus qu'un simple pêcheur, c'est un véritable ingénieur.

En entendant le bruit de tes pas dans son dos, il se retourne, et lorsqu'il t'aperçoit, sa moue se mue en un large sourire.

— Tu tombes bien, [tonprénom], je commençais justement à avoir faim ! s'exclame-t-il en lâchant sa canne à pêche pour essuyer du revers de la main son front luisant de sueur. Viens-là, mon enfant, qu'on casse la croûte ensemble.

Tu t'approches en souriant, et lui tends son panier repas qu'il ouvre immédiatement, se passant la langue sur les lèvres avec gourmandise.

— La pêche a été bonne, aujourd'hui, marmonne-t-il, et ton regard est attiré par le seau duquel s'échappent des sons étrangement gluants : en jetant un coup d'oeil discret à l'intérieur, tu te rends compte qu'il est rempli de petits brochets frétillants.

Ton père n'a pas perdu de temps : il tient entre ses deux mains l'énorme sandwich au boeuf, et ouvre grand la bouche, prêt à goûter à ce mets appétissant.

— Bon appétit ! lance-t-il avant de passer à l'attaque, et tu l'imites aussitôt.

Vous mangez tranquillement, discutant de tout et de rien, quand soudain des cris vous interrompent dans votre discussion.

— Qu'est-ce qui se passe? grogne ton père en se relevant difficilement.

La réponse ne tarde pas : un hurlement déchire le silence sourd qui s'était installé pendant quelques secondes.

— LES MONSTRES ! LES MONSTRES SONT RENTRÉS DANS LE VILLAGE !

Tu te tournes vers ton père, qui s'est immobilisé, une expression de choc étalée sur son visage érubescent. Lorsqu'il semble revenir à la réalité, sa bouche se tord en une grimace anxieuse. Il se tourne vers toi, et ses mains tremblantes se referment sur tes épaules comme des serres, ses ongles sales te déchirant la peau.

— [tonprénom], écoute-moi bien ! t'ordonne-t-il, te forçant à soutenir son regard affolé. Tu... Tu ne dois pas mourir. Tu dois vivre ! Tu as une destinée à accomplir... Ta mère et moi, nous avons cru pouvoir t'en détourner en te gardant à l'écart du monde... Nous avions tort ! Personne n'échappe à son destin !

Il recule, et d'un geste de la main, défonce les murailles de bois : le lac scintille, à quelques pas de vous. Tu tournes la tête vers le village, et remarques avec horreur que les premières maisons sont en train de brûler, tandis que de petites créatures à la peau sombre dansent sur les toits. Ton père t'attrape le poignet.

— Vite, marmonne-t-il, et cette fois-ci il pointe la main sur toi : une sorte de bulle visqueuse et translucide commence à gonfler autour de ta tête. Promets-moi de ne pas sortir de ta cachette, pas avant que la bulle ait éclaté ! Promets-moi !

Un long rugissement s'échappe de la maison la plus proche, et il se tourne de nouveau vers toi, la respiration haletante.

— Je t'aime, mon enfant ! glapit-il. Tu dois vivre !

Et il te pousse dans l'eau.

Tu ne te débats pas, mais sombres lentement dans les profondeurs du lac : la bulle magique qu'il a créé te permet de respirer sous l'eau, et tu fermes les yeux, comme la terrible réalité t'assomme. Tes fesses heurtent le fond du lac, et tu restes assis là pendant longtemps, très longtemps ; tu entends des hurlements, des pleurs, et des voix inhumaines, désincarnées, qui ressemblent plus à des sifflements déformés par l'eau. Puis, d'un coup, plus rien. Le silence.

Tu décides de :

— sortir : rends-toi en (7)
— rester sous l'eau, attendre encore un peu jusqu'à ce que la bulle éclate, comme te l'avait ordonné ton père : rends-toi en (8)