Fiery Quest (Épopée interactive)

Chapitre 1 (12)

— Comment ça, y s'est rien passé? marmonne la vieille aubergiste sur un ton dubitatif. N'me mens pas, mon louveteau ! Si j'donne à personne c'te maudite chambre, c'est parce que tout ceux qui sortent d'une nuit entre ces murs sont complèt'ment boul'versés ! Ils me parlent d'un fantôme ou j'sais pas quoi...

Soudain, elle plante ses mains rondelettes sur ses hanches proéminentes, et ses lèvres grasses s'allongent en une moue boudeuse.

— Mais c'est vrai, parbleu ! T'as l'air tout à fait bien.

Un rire généreux émerge de son immense gosier.

— Eh bien ! J'le savais, moi, que c'tait qu'des histoires ! Heureusement qu'un enfant honnête comme toi est passé par là ! Dire que ça fait des années que cette chambre est restée vide, et que j'ose pas y toucher d'peur de contrarier un que'conque esprit qui vivrait là d'dans... Ha ! Allez, pour la peine, j't'offre une nuit gratuite ! Bravo mon p'tit loup ! Viens déj'ner, tu l'as bien mérité !

Au déjeûner, elle te sert des talemousses et des champignons en pâté, accompagnés d'un délicieux vin aux noisettes : elle t'invite ensuite à faire un tour dans la petite bibliothèque de l'auberge pour occuper ta journée. Les étagères sont chargées d'ouvrages laissés ou offerts à l'établissement par des voyageurs venus de partout : livres liturgiques côtoient journaux de voyage et manuscrits antiques. L'aubergiste elle-même ne sait pas lire, et elle t'appelle de temps à autre pour que tu lui fasses la lecture.

[Vous avez gagné 20 points de savoir et 5 points d'intelligence.]

Cette fois-ci, tu passes une nuit tranquille : dès que tu as posé ta tête sur le moelleux oreiller, tu sombres dans un sommeil sans rêves.

Le lendemain, tu te rends de bonne heure à la cathédrale. Les époux arrivent à cheval, précédés d'une troupe de jongleurs dont les vielles, flûtes et harpes emplissent la soirée d'une joyeuse mélodie. Vient ensuite la future épouse, montée sur une belle mule noire dont le poitrail est garni d'une vingtaine de grelots d'argent, qui tintinnabulent au pas ferme et régulier du brave animal. La future épouse porte une magnifique tunique en soie rouge brochée d'or, et sa coiffe en feutre de forme pointue laisse échapper quelques boucles rousses entrelacées de rubans, de bandelettes de soie et de galons d'or. Elle doit avoir trente ans de moins que le vieux Siam qui la suit de près, bien campé sur son palefroi qui piaffe, sur sa selle émaillée de fleurettes d'azur.

Sans détacher ton regard du cortège conjugal, tu te fonds dans la masse d'invités. Dès que tu remarques la vieille aubergiste parmi les convives, tu te coules auprès d'elle. Elle semble ravie de te voir.

— Voilà mon petit porte-bonheur ! Viens-là, mon amour, la cérémonie va commencer.

[Rends-toi en (13)]