Une tragédie subite te pousse à quitter ton paisible village natal, et tu prends la route, armé d'une simple épée et de ton courage, pour retrouver les coupables. Cependant, tu te retrouves entraîné dans une aventure dont l'enjeu n'est autre que la...
Une foule bourdonnante se presse dans les rues étroites et tortueuses de la ville. Les façades regardent passer la charrette cahotante, tandis que les fenêtres ouvertes, postes d'observation et de conversation, couvent des ménagères dodues, curieuses et bavardes. Dans ce désordre architectural, des taudis bas, fragiles et insalubres, côtoient des logis d'artisans, de boutiquiers, des résidences de notables, et des immeubles aux étages en encorbellement.
Désormais debout sur la charrette, tu es assailli par un mélange de parfums qui te sont à la fois familiers et étrangers, te semblent comparables et en même temps complètement discordants ; l'odeur des fleurs et des herbes odoriférantes que les femmes placent sur les corniches et les rebords des fenêtres se mélange à celle des eaux croupies chargées de détritus, d'excréments humains et animaux qui font le délice des chiens et des porcs. Les graisses liquides qui s'échappent des ateliers coulent et se répandent sur la chaussée, et elles sont allègrement piétinées par la foule dans un bruit gluant.
Tes oreilles participent également à la découverte et l'appréhension de ce paysage nouveau, puisqu'elles sont envahies par les exclamations des crieurs de rue, qui feulent aussi bien des annonces officielles que des publicités pour divers produits de consommation. Parmi eux, un trompille en costume de fonction annonce un mariage, sous le charivari orchestré de chaudrons, de bassines, de clochettes, ou de crécelles, accompagné de cris et de moqueries. Les crieurs de vin au service des aubergistes et les estuviers qui signalent l'ouverture des étuves se mêlent à la bousculade, en faisant tinter les grelots qui ornent leurs coiffures pointues et leurs chaperons bicolores.
La charrette s'arrête, mais tes yeux continuent de divaguer, tes narines de palpiter et tes oreilles de frémir : près d'une fontaine, des enfants s'amusent à gonfler une vessie de porc*. Tu remarques que la fontaine est constituée de trois bassins reliés entre eux : le premier sert à puiser l'eau ; le second, alimenté par le débordement du précédent, sert d'abreuvoir pour les animaux ; et le troisième, nourri à son tour par le déferlement du second, fait office de lavoir réservé aux femmes.
La cathédrale se dresse un peu plus loin, stricte et immuable, ses clochers déchirant le ciel rougissant.
— Bon, eh bien, je suppose que c'est ici qu'on se sépare, glousse le marchand, et un grand sourire illumine son visage tandis qu'une de ses mains disparaît entre les plis de son surcot. Tiens, mon enfant, en souvenir de notre voyage, je t'offre ce petit couteau. Il a appartenu à un bon magicien, et tout ce qu'il touche échappe aux enchantements des sorciers et des démons ! (Il secoue la tête.) Je suis sûr qu'il te sera plus utile qu'à moi.
Tu acceptes de bon coeur le kenivet* qu'il te tend. La lame est large, mince et d'un beau galbe ; le manche est en ivoire, et une virole de cuivre est fixée à sa base : c'est l'oeuvre d'une main habile.
[Vous avez reçu le couteau de Corentin.]
[Vous le mettez dans le sac.]
Et après t'avoir souhaité tout ce qu'il y a de meilleur, il fait claquer les rennes et la charrette repart en direction de la grande place occupée par le marché. Tu finis par la perdre de vue, comme les gens sont nombreux à se presser dans cette direction.
Tu peux à présent aller :
— voir la cathédrale : rends-toi en (4) — à l'auberge, pour te reposer : rends-toi en (7) — voir les halles : rends-toi en (14)
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—GLOSSAIRE—
La plupart des mots un peu techniques sont expliqués dans le texte, mais je vous propose ici quelques explications et informations supplémentaires, pour parfaire à votre culture moyenâgeuse. N'hésitez pas, vous aussi, à poser toutes vos questions, et je ferais de mon mieux pour rendre cette section le plus complète possible.
*Kenivet : petit couteau de poche avec étui. Le mot a donné par la suite le terme "canif" ;)
*Une vessie de porc? Eh oui, il s'agit là du ballon du Moyen-Âge : gonflée, la vessie constitue un projectile rond, léger, qui rebondit comme il faut. Une petite photo pour que vous compreniez :
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Voilà, chers petits, sur ce, je vous souhaite une bonne aventure !
