Chapitre 1 (8)

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[Vous avez accepté la quête : Le mystère de l'Auberge Brune.]

Après avoir soupé, tu souhaites une bonne nuit à tout ceux qui sont à table et montes dans la chambre rouge. La vieille aubergiste et son mari, touts tremblants, se mettent en prières.

Comme tu arrives à l'endroit où tu dois coucher, tu regardes autour de toi : c'est une grande chambre couleur de feu, avec de grandes tâches luisantes sur les murs, si bien qu'on l'aurait crue peinte avec du sang encore frais. Dans le fond, il y a un grand lit carré qu'entourent de longs rideaux blancs. Le reste est vide, et tu peux entendre le vent qui souffle tristement dans la cheminée et dans les corridors, comme les voix des âmes demandant des prières.

Tu te couches, empli d'inquiétude ; pourtant, tu es si fatigué par le voyage et les évènements du jour que, très vite, tes craintes s'envolent et tu sombres dans un profond sommeil.

Mais voilà qu'au moment où minuit sonne dans la cathédrale, tu te réveilles et entends les rideaux qui glissent sur leurs gaules de fer et s'ouvrent à ta droite. Tu te redresses, et là, tu aperçois que quelqu'un se tient immobile au pied de ton lit. C'est un jeune homme à l'allure efféminée, un duvet d'éphèbe ombrant ses lèvres et ses joues ; d'épaisses boucles blondes tombent en cascade sur ses épaules osseuses, desquelles émergent un cou blanc et un visage délicat dévoré par de belles lèvres vermeilles. Il gratte nerveusement son menton imberbe, l'air concentré, et n'a pas l'air de te voir. Tu as beau t'esclaffer, lui demander ce qu'il fait là, il ne te prête pas plus d'attention. C'est comme si tu n'étais pas là.

Tu t'apprêtes à faire valser les couvertures pour t'imposer à sa vue quand, soudain, tu remarques que son mantel bleu givré est déchiré au niveau de la poitrine : là où aurait dû se trouver son coeur pointe le bout d'une lame gorgée de sang. À cet instant précis, le jeune homme relève la tête, et darde sur toi ses yeux blancs, vides. Le frisson de la splendeur fantasmagorique fait trémuler ton âme. Tu tentes de bouger, mais ton corps semble figé, et tu restes là, absorbé par le regard dépouillé de ce cadavre vivant.

Soudain, les lèvres sanglantes s'entrouvrent, et un rire guttural s'échappe de la gorge palpitante ; un rire morne et terrible, qui semble durer une éternité. Lorsque la bouche se referme, pareille à la lame d'un bourreau qui s'abat sur le cou tremblant de sa victime, c'est une main osseuse qui se lève, et un index décharné pointe dans ta direction.

— Fou ! rugit-il, sa voix d'éboulis amplifiée par l'écho terrifiant que créent les murs. Tu couches sur le lieu de mon meurtre !

Sous tes membres ankylosés, les draps blancs se colorent de pourpre, comme s'ils étaient dévorés par le sang qui s'échappait à grand flots d'une blessure profonde.

— J'ai été iniquement assassiné sur ce même lit ! Égorgé sur ces mêmes draps ! Mon âme... Mon âme est donc condamnée à demeurer pour toujours en ces lieux !

Tu as déjà entendu des histoires de fantômes, d'âmes errantes qui ne peuvent pas monter au ciel parce que quelque chose les rattache encore à la terre, et à leur ancienne vie. Ce n'est qu'un fantôme, te dis-tu en réprimant une grimace, il ne devrait donc pas pouvoir te faire de mal. La pire des choses qu'il puisse t'infliger, c'est une grosse frayeur, n'est-ce pas?

Cependant, même s'il est inoffensif, l'idée de partager ta chambre avec un mort ne te semble pas très séduisante. Alors, d'une voix tremblante, tu demandes au fantôme comment il peut être délivré de ce lieu. À ta question, ses traits se détendent, et sa main émaciée retrouve sa place sur son menton, qu'il chatouille pensivement.

— Je ne sais point.

Sa voix est plus douce, et, maintenant qu'il s'est calmé, il a retrouvé toute son humanité.

— Je ne sais point, répète-t-il, avant de croiser les bras sur sa poitrine. Vas-tu m'aider, jeune allochtone?

Bonne question. Vas-tu l'aider?

— Oui : rends-toi en (9)
— Non : rends-toi en (5)

Fiery Quest (Épopée interactive)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant