Chapitre 22

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J'étais seule au café. Bon, presque seule, mais ça faisait bien longtemps que je n'associai plus l'image de mon patron à la salle de réception. Il passait plus de temps dans ces cuisines que moi aux toilettes après avoir mangé épicé.

Woaw. Je pouvais vraiment être limite quand je le voulais.

Bref. Je profitais donc d'une heure creuse pour répéter mon texte. Nous nous étions vu une première fois avec Seth pour le jouer, mais comme nous n'étions pas très en formes – le pauvre avait attrapé un rhume et j'avais passé ma nuit à jouer aux Sims, nous étions directement passé à l'étape exposé. Ce qui, en quelques sortes, ne m'avait pas aidé à réviser mes vers. Shakespeare était un homme bien, mais honnêtement, il aurait pu se faciliter la vie. Je veux dire : est-ce qu'on est vraiment obligé d'écrire dans un anglais aussi compliqué pour percer à l'époque du théâtre élisabéthain ?

Je ne sais, je n'y étais pas.

Enfin. Je révisais mon texte, le cachant soigneusement à la vue de Francesca quand la porte s'ouvrit et que les clochettes tintèrent. Finnigan fit son entrée dans le café, trempé de la tête au pied. Il déposa son parapluie dans le sceau prévu à cet effet, suspendit son imperméable au porte-manteau et vint s'installer au comptoir.

« Bonjour, Carly, me salua-t-il. »

Il avait l'air fatigué. Je ne l'avais pas eu en cours aujourd'hui mais il n'avait pas spécialement l'air d'avoir passé une incroyable journée.

« Bonjour, Monsieur Finnigan, lui répondis-je d'une toute petite voix. Qu'est-ce que je peux vous servir ?

- Un americano, me répondit-il sans même jeter un coup d'œil à la carte. Et si c'est possible, je voudrais bien une part d'apple pie.

- Je vais voir ça. »

Contenu du fait que Jack et Finnigan étaient des amis d'enfance, mon patron se précipita à ses fourneaux pour cuisiner une tartelette à mon professeur de littérature. Jack devait être le meilleur ami qui puisse exister au monde, puisque Keira ne se serait jamais pliée en quatre comme ça pour moi, même après une mauvaise journée. Je devrais le filmer pour que ma meilleure amie en prenne de la graine.

Jack m'envoya vérifier des choses à la réserve, m'expliquant qu'il irait un peu dans la salle pour voir son ami. Je revins donc une vingtaine de minutes plus tard pour chercher la tartelette et l'apporter avec son deuxième café à Finnigan.

« Merci, Carly, s'exclama mon professeur, l'air un peu plus joyeux déjà. Je ne sais pas si tu as eu l'occasion de goûter les tartes de Jack, mais ce sont les meilleures.

- Oui, de temps en temps, j'ai le droit à un doggy bag. Ma mère les aime beaucoup aussi. »

Finnigan tiqua et noya sa drôle de réaction en mordant à pleine dent dans le morceau qu'il s'était coupé avec la fourchette. Je fronçai les sourcils.

« Tout va bien ?

- J'ai eu un frisson, répliqua-t-il tout de suite sans me regarder.

- Vous voulez que j'augmente le chauffage ?

- Non, non. C'est déjà passé. »

Puis Finnigan jeta un coup d'œil au texte que j'avais sous les yeux et me sourit.

« Ah, cette fameuse scène... soupira-t-il.

- Oui... soupirai-je en hochant la tête, désespérée.

- Vous allez jouer chaque rôle ? me demanda-t-il. Il n'y a pas que Benedick et Beatrice dans cette scène.

- Seth pensait demander à Holly et Alexander, expliquai-je.

Moi, mon Portable et l'Idiot d'en FaceWhere stories live. Discover now