Chapitre 30

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Eh mince.

A la base, c'était censé être un peu plus virulent, mais le filtre à gros mots semblait s'être remis à fonctionner correctement. Je disais donc : eh mince.

Eh mince, puisqu'en ce lundi matin, je m'étais levée en retard. C'était une tactique mise en place la veille pour ne pas croiser ma mère et jusqu'à cet instant précis, elle avait fonctionné à merveille. Cet instant précis, c'était ce moment où, me rendant bien compte que j'avais traîné au lit vingt minutes de plus, mon bus était passé sous mon nez. C'était également ce doux moment de frustration où, me rendant compte que j'avais raté mon bus, je me rendais également compte que mon vélo avait de nouveau perdu sa selle. Selle que j'avais racheté exprès et qui me glissait à nouveau entre les doigts.

Peut-être que quelqu'un dans ce quartier faisait de la contrebande de selle ? Dans ces cas-là, vu mon implication dans le bon rangement de mon vélo, je constituais peut-être une mine d'or... Mais quelle frustration, bon sang !

« J'ai une impression de déjà-vu ! s'exclama Seth de l'autre côté de la rue. »

Je relevai la tête, ne pouvant réprimer un large sourire.

« Rends-moi ma selle, Seth, grognai-je en le menaçant du doigt. On n'a pas encore levé la trêve...

- Qui a parlé d'une trêve, Green ? se moqua mon voisin en traversant la rue. Et puis, comme tu le sais déjà, ce n'est pas moi qui l'ai volé... »

Je levais les yeux au ciel.

« Et comment je vais en classe, maintenant ?

- Aucune idée, précisa mon voisin. Par contre, je sais que tu seras très en retard.

- T'es pas cool.

- Quoi, je suis pas cool ? »

Je lui tapais dans l'épaule et il se mit à rire. Enfourchant son vélo, il me fit signe de grimper derrière lui.

« Que ce soit clair, Carly Green, il va falloir que tu arrêtes de planquer ta selle pour pouvoir monter derrière moi...

- Arrête de dire n'importe quoi et démarre, grognai-je.

- Tu vas rendre les filles jalouses... Je suis un homme très pris, tu sais ? »

Ah, ne pouvait-il pas se taire cinq minutes ? Il venait de gâcher un moment presque parfait. Après notre réconciliation, j'étais trop heureuse pour me souvenir qu'Elena n'était jamais très loin. Maintenant, ça s'imposait de nouveau à moi et j'avais l'impression que ça n'allait pas être facile à gérer. Au moins, se menace ne valait plus rien. Nora était au courant pour Leith, l'horrible méchante de cette histoire ne pourrait pas lui faire entrer des horreurs dans la tête pendant que j'avais le dos tourné. Un point pour Carly !

« Je m'en fiche, en vrai je t'utilise, grognai-je quand même.

- Ah oui ? me répondit-il narquoisement.

- Oui. Alors maintenant, pédale, valet. »

Seth éclata à nouveau de rire et accéléra brutalement, m'obligeant à m'accrocher plus fermement à sa taille.

« Et où dois-je déposer madame ? s'inquiéta-t-il quand son rire se tut.

- Au lycée...

- Et si je n'ai pas envie ?

- Je te pourrirais la vie, expliquai-je comme si c'était tout à fait normal. J'enverrai Pampy manger tes cours, je ferais monter des lapins à bords de ton bateau et je dégonflerai tes pneus encore une fois. »

Moi, mon Portable et l'Idiot d'en FaceDonde viven las historias. Descúbrelo ahora