Chapitre 41

131 21 11
                                    

Holly était emmitouflée sous un tas épais de couverture. Il ne faisait pourtant pas froid dans sa petite chambre, bien que cette dernière se trouvât dans la cabane du jardin. Assise au bout du lit, Nora sirotait un peu de thé, couvant sa meilleure amie d'un regard inquiet.

« C'est foutu, marmonna l'amérindienne en enfonçant son visage derrière son mur de couette. J'ai tout foutu en l'air !

- Mais non, chaton, la rassura Nora en lui caressant le pied d'un geste maternel. Dis-lui, Carly, qu'elle n'a pas tout foutu en l'air.

- C'est encore rattrapable ! me voulus-je rassurante. »

Mais, de mon petit fauteuil en velours vert, j'avais du mal à être convaincante. A vrai dire, je doutais de nos chances de réconforter notre amie. Elle n'était clairement pas dans l'état de nous entendre dire quoique se soit.Et je pouvais parfaitement le comprendre...

« Arrêtez de mentir pour me faire plaisir, grogna Holly. C'est gentil de votre part, mais ça me fait l'effet inverse.

- Désolée, s'excusa Nora. C'est juste que je sais pas trop quoi dire...

- Ne dis rien, alors, soupira la brune. »

Nora me lança un petit regard désespéré. Holly ne mâchait pas ses mots quand elle était triste, mais pour la présidente du club de journalisme, c'était surtout la fièvre qui encourageait un tel débordement du langage.

« J'osais pas lui prendre la main, expliqua tout à coup la malade en se redressant dans son lit. Il était là et j'y croyais pas. J'avais tellement idéalisé ce rendez-vous que j'en étais arrivée à le prévoir étape par étape. Je voulais qu'on se parle, qu'on s'avoue, même indirectement nos sentiments.

- Et ? m'enquis-je.

- On aurait dit qu'Alexander était une image intouchable, soupira la jeune femme. Plus le temps passait plus je me sentais indigne de ses fossettes, de son rire, de ses éclairs de génie, de sa douce étrangeté. Alors, quand le sujet se rapprochait trop de nous, je faisais marche arrière. Je lui ai même menti sur certaines choses pour ne pas l'affronter directement... »

Si seulement Holly savait à quel point je la comprenais... En l'écoutant, j'avais l'impression de me revoir le soir du départ de Keira, plantée devant Seth, pesant le pour et le contre de ranimer l'instant partagé. Je m'étais défilée par ce que j'appelais une « culpabilité amicale mal placée » et peut-être que c'était aussi ce qu'Holly et Alex avaient fait.

« Donc vous voyez, conclut-elle alors que je raccrochais la discussion, j'ai tout foutu en l'air ! »

Nora poussa un soupir désolé et Holly se blottit un peu plus contre l'assise de son lit. Sur mon siège, je me sentais de plus en plus mal à l'aise.

« Après, c'est un mauvais départ, concédais-je. Mais y a plein de relation qui commence sur un mauvais départ.

- Hmpf, grogna Holly mais Nora acquiesçait déjà.

- Elle n'a pas tort, me soutint mon amie. Et on est là pour y penser ensemble. Commence déjà par reprendre des forces et soigner ta fièvre. Après, on verra. »

Holly hésita un instant et finit par hocher la tête.

« Bon et pour changer de sujet, un peu, murmura Nora, il faut qu'on parle de l'édition du numéro de janvier.

- Oui, acquiesça Holly. J'ai fini les articles sur les pêcheurs et j'ai rédigé l'interview comme prévu.

- J'ai répondu aux commentaires, sur le site ! m'exclamai-je toute contente. »

Moi, mon Portable et l'Idiot d'en FaceWhere stories live. Discover now