Chapitre un

7.5K 436 259
                                    

Harry se dirigeait en direction de la grande salle d'un pas traînant, peu enchanté à l'idée d'être de nouveau au centre de toutes les attentions, objet des regards de ceux qui ignoraient qu'il ne recevrait pas meilleure gratitude que s'il était enfin traité comme un élève comme les autres.

Tous croyaient bien faire, en le félicitant continuellement pour ses exploits durant la guerre, seulement ces paroles ne cessaient de lui rappeler qu'il n'était en rien ce « héros national » qu'ils décrivaient sous ce besoin perpétuel de démontrer à quel point ils l'idolâtraient. L'adolescent ne cessait de revoir les visages de ceux qui avaient péris parce qu'il avait été incapable de protéger tous ceux qui s'étaient battus à ses côtés.

Et cela, les Serpentard le ressassaient en continu. Eux-mêmes rongés d'une rancoeur qu'ils ne savaient surmonter, ils s'en prenaient à Harry, chaque fois que quiconque lui exprimait des louanges, un Serpentard était juste là, prêt à lui rappeler tout ce qu'il avait perdu.

Si d'abord, il ne s'était pas laissé atteindre par ces mots dignes de leurs auteurs, cela avait rapidement dégénéré lorsque ces phrases avaient commencé à lui suivre jusque dans ses rêves. Il était incapable de passer une nuit stable, complète, reposante, depuis son retour à Poudlard.

Le jeune homme hésitait même à quitter le château, s'il avait accepté de refaire une dernière année, c'était bien parce qu'Hermione avait insisté pour qu'ils obtiennent leurs diplômes, et s'il n'avait pas craint de la mettre en rogne, jamais il ne serait revenu, ces lieux contenaient des souvenirs trop douloureux à recevoir de pleine face chaque fois qu'il se réveillait, comme au moindre de ses couchers.

— On rêvasse, Potter ? s'amusa une voix glacée à ses côtés, appartenant à un garçon dont l'air revêche ne scintillait plus de sa sincérité d'antan.

— Laisse-le, il réfléchit à sa prochaine victime, ricana Pansy en le dépassant, ne manquant pas de le bousculer, de sorte qu'il failli se rétamer sous les regards satisfaits de l'ensemble de la maison Serpentard.

La rage emplit la cage thoracique du brun, qui se contenta de pénétrer dans la grande salle, en silence. Il avait cessé de répondre suite à de nombreux échanges qui n'avaient pas manqué de passer près de le faire craquer. Il s'était pourtant promis de ne jamais verser la moindre larme devant un Serpentard, il comptait bien honorer cette promesse.

Dès lors qu'il eût passé la porte, des éclats de voir lui parvinrent à quelques mètres, et la voix de son meilleur ami atteignit ses oreilles.

— Mais vous allez arrêter de vous prendre pour des êtres supérieurs, vous autres ? C'est facile, de jouer aux martyres pendant la guerre, rampant à la recherche de la moindre protection de la part de Poudlard, mais dans ce cas, ayez au moins la décence de ne pas vous pavaner comme des héros de la nation après nous avoir tous trahis ! hurlait-il, les yeux flamboyants.

— La ferme, pauvre tâche. Qui joue aux héros, depuis la fin de la guerre ? Que dis-je, depuis même la répartition ! Les Gryffondor sont si attentionnés, comme ils sont courageux, regardez-les tenir tête à ces crapules de serpents ! répliqua Blaise avec ironie, la baguette pointée en direction de Ron, prêt à lui refaire le portrait.

Le roux rit faussement, ses traits exprimant une haine qu'aucun ne lui avait jamais vu.

— Pauvres mangemorts... dit-il d'une voix faussement peinée, ce qui déclencha une fureur dévastatrice chez le métis.

Les sorts fusèrent, desquels Ron parvenait à se protéger à l'aide d'Hermione, qui tentait vainement de calmer la situation. Harry ne bougeait pas, sentant ses muscles incapables d'agir de quelque façon que ce soit. Il se sentait si frêle, si impuissant. Il détestait se retrouver minable face à toutes ces choses qui le dépassaient. Comment pouvaient-ils encore se crêper le chignon comme des enfants après tout ce qui s'était produit ?

" 𝓁𝑜𝓋𝑒 𝓅𝑜𝓉𝒾𝑜𝓃 " - DRARRY/THEOMIONEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant