Chapitre quinze

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Traversant les couloirs d'un pas pressé, Harry prit le temps de se demander s'il se rendait réellement à quelconque destination, ou tentait vainement de faire passer la brûlure encore à vif de la honte, parsemant sa nuque de désagréables picotements. À l'image de ceux qui s'attaquaient à son cœur lorsque ses prunelles échouaient dans l'impénétrable marée des yeux de l'héritier Malfoy, ces légers désagréments étaient un rappel permanant à Harry que toute notion de contrôle de lui-même lui avait été dérobée.

Autant le garçon n'était pas un exemple de rigueur émotionnelle, autant il possédait d'ordinaire suffisamment d'instinct de survie et de capacité à d'intégration sociale pour réfréner ses pulsions et pensées Gryffondoriennes. Seulement, depuis que le breuvage avait attaqué ses cellules grises, c'est comme si Harry avait perdu jusqu'à la dernière once de prudence, le rendant presque aussi inapte que Ron à faire preuve de tact ou à penser à deux fois avant de prendre des décisions impulsives.

La vitesse à laquelle son pas tapait contre les dalles du sol en était la preuve, quelque chose clochait au sein de la partie de son cerveau dédiée à la planification et l'élaboration d'actions qui ne risqueraient pas de mettre sans-dessus-dessous sa vie toute entière.

Pourtant, et au détriment du peu de raison qu'il lui restait, Harry ne désirait pas particulièrement se délier de cette impression de toute puissance avec laquelle il planait depuis près d'une semaine. Sous cet angle, au moins, il ne ressentait pas ce poids permanant encerclant son cœur, étouffant ses aspirations et réduisant au silence ses pensées. Contrairement aux sept années précédentes, il se sentait entièrement prêt à répondre à la moindre de ses envies, à appliquer la moindre de ses décisions, à exprimer même ses pensées les plus grotesques.

Il était comme un lion hors de sa cage, découvrant pour la première fois les plaisirs d'une vie sans barrières. Et il ne prenait que trop goût à cette impression de n'être dépendent de personne d'autre que lui-même. Cependant, cette euphorie ne serait pas éternelle, et il avait encore la décence de songer au prochain retour à la réalité auquel il aurait à faire face, cela dit s'il y avait bien une chose au monde qu'il ne désirait pas, en cet instant précis, c'était saisir l'occasion de se ruiner la sérénité dans laquelle il nageait allègrement. Il avait suffisamment été privé de la légèreté qui lui était due au long de sa vie, et n'hésiterait pas à se battre corps et âme pour avoir droit à ces mêmes sensations purement primaire auxquelles seuls les bienheureux avaient droit au quotidien.

Bien vite, cependant, les pensées déraisonnables du jeune homme furent balayées par la brutale obligation d'un retour à la réalité, provoquée par une soudaine entrée en collision avec l'objet de ses recherches.

Pansy Parkinson se trouvait là, appuyée de toute sa hauteur contre l'une des poutrelles adjacentes à la tour d'astronomie, observant le brun d'un œil circonspect. Tout en elle irradiait une fierté malsaine, qui emplissait le cœur de Harry d'un sentiment de rage irréfrénable.

– On essaie d'échapper aux regards, Potter ? siffla-t-elle entre ses dents, laissant un fin sourire orner ses lèvres froides. Tu devrais pourtant être habitué à être le centre de l'attention, n'est-ce pas là l'une de tes plus grandes habitudes ?

Prenant une grande inspiration pour ne pas laisser son fort tempérament le pousser à avoir un geste qui serait à son désavantage, le garçon détendit ses doigts, fit craquer ses os, dérida son expression. Ce spectacle amusa la Serpentard, qui ne commenta cependant pas, trop occupée à toiser Harry d'un même air supérieur visiblement très bien travaillé.

– Bien, Parkinson, – commença Harry d'une voix froide, inhabituelle tant la chaleur qui animait d'ordinaire son ton semblait avoir laissé place à une fureur froide, calculatrice – nous allons mettre quelques petites choses au clair entre adultes, et à la fin de la soirée, tout malentendu sera dissipé, tu entends ?

" 𝓁𝑜𝓋𝑒 𝓅𝑜𝓉𝒾𝑜𝓃 " - DRARRY/THEOMIONEWhere stories live. Discover now