Chapitre vingt

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– Oh, je vous en prie les garçons, grandissez ! s'exaspéra une voix féminine dont la tonalité virait aux aigus tandis que sa propriétaire se hâtait d'ouvrir les volets, libérant les dortoirs des ténèbres autrefois maîtres des lieux.

Des bougonnements se firent entendre, et un oreiller valsa bientôt en direction de la jeune femme, qui l'évita de justesse. Malheureusement pour l'auteur de cet acte, des renforts avaient déjà pour tâche de suppléer la victime de cet affront, et Ron se retrouva rapidement extirpé par la force de son matelas sous la poigne ferme de Théodore.

– Bas les pattes, Serpentard ! maugréa le roux d'un ton bourru, pourtant dénué d'hostilité : les tensions s'étaient bel et bien apaisées, cependant il s'efforçait de maintenir une certaine distance, au grand dam d'Hermione.

Ledit Serpentard s'esclaffa légèrement, avant de croiser le regard hésitant de son camarade de maison. Il adressa un clin d'œil à Draco, dont les joues se parèrent d'un très léger voile de rouge, ce qui accentua sa gêne, vite muée en colère : il refusait de se donner ainsi en spectacle. Guidé par l'impertinence d'une détermination nouvelle, le garçon se dirigea à grands pas jusqu'au lit de Harry, avec la ferme intention de l'y tirer aussi rapidement et simplement qu'il était coutume de l'être. Néanmoins, son précédent aplomb vola bien vite aux oubliettes lorsque le brun changea de position, dévoilant son visage endormi et marqué par la trace de l'oreiller autrefois collé contre sa joue.

Draco sentit un étrange tiraillement au fond de son estomac, et il secoua la tête. Sa main vint se poser contre l'épaule du survivant, qu'il secoua allègrement. Des maugréassions se firent rapidement entendre alors que le jeune homme émergeait difficilement, aveuglé par une lumière qui ne représentait pas un centième de la véritable clarté du jour, ici voilée par les fins rideaux en filtrant encore les rayons.

– Je suis réveillé, Draco.

Théodore étouffa un rire dans son dos, et le garçon réalisa qu'il n'avait pas lâché son emprise sur l'épaule de l'autre. Il s'empressa de retirer sa main comme si celle-ci avait été sous l'effet d'un feu ardent, et s'échappa aussi vite des dortoirs presque vides en ce premier jour de vacances de Noël. S'il avait cru que ces deux semaines passées loin de la compagnie des centaines d'oreilles attentives qui animaient les couloirs de Poudlard seraient reposantes, Draco réalisait désormais l'étendue de son erreur : il était tombé dans un beau traquenard. Lui, Théodore, le golden trio et leurs deux plus grands ennemis de la maison Serpentard seraient forcés de partager les lieux durant toute la durée de cette fin décembre, et il doutait que cette cohabitation se déroule sans accrocs.

Il suffisait de voir comment son corps réagissait à la vision d'un Harry aux premières lueurs du jour. Combien de temps avant que Blaise ne découvre ce qui se profilait et ne s'en serve comme d'un moyen de pression pour se venger de sa trahison ? Combien de coups bas devrait-il encore affronter avant d'obtenir finalement la paix à laquelle Harry semblait croire qu'il avait droit ? Draco secoua la tête, calquant son allure sur le tic-tac permanent qui semblait s'être insinué jusqu'au plus profond de son être : les secondes filaient à toute allure jusqu'à l'instant où l'emprise du philtre cesserait enfin. Alors, les véritables enjeux se mettraient en place, et Draco ignorait pourquoi, mais il se sentait comme pris au piège par cette horloge imaginaire.

Des pas pressés résonnèrent finalement entre les murs, et une voix essoufflée interpella le jeune homme alors qu'il passait à l'angle d'un couloir :

– Malfoy, attends !

Le blond s'abstint de lever les yeux au ciel, encore guère habitué à adresser ses sourires les plus sincères à la seconde personne qu'on lui avait sans doute le plus appris à mépriser au cours de ces sept dernières années.

" 𝓁𝑜𝓋𝑒 𝓅𝑜𝓉𝒾𝑜𝓃 " - DRARRY/THEOMIONEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant