Chapitre vingt-deux

2.1K 220 31
                                    

Le lendemain de cette malheureuse entrevue s'étant soldée sur la mise en retrait d'un Ron déjà furibond, la situation ne pouvait être plus tendue. Le roux demeurait furieux et plus à vif que jamais à l'encontre de Blaise et de Pansy ; Harry s'inquiétait autant de l'état de son ami que de la possibilité de ne plus être en mesure de réchapper à la naissance de véritables sentiments vis-à-vis de Draco ; celui-ci demeurait incertain quant au choix qui s'offrait à lui : conserver la raison et ainsi laisser passer ce qui serait peut-être son unique chance d'assouvir les nouveaux désirs qui s'éveillaient en lui, ou abaisser toutes ses barrières et risquer une colère phénoménale de la part de Harry lorsque ce dernier aura retrouvé la raison ; Théodore se rongeait les sangs à l'idée de la bombe qui menaçait davantage d'exploser de jour en jour, et Hermione tentait tant bien que mal de lier les deux bouts, s'efforçant d'afficher au grand jour une confiance qui lui glissait malgré elle entre les doigts.

Pourtant, et parce que les incidents se plaisaient à tourmenter les cinq adolescents, le pire se produisit durant la matinée, lorsque McGonagall fit l'erreur de s'immiscer dans leurs affaires une nouvelle fois. La vieille femme avait pour sûr de nobles intentions en tentant ainsi de créer un semblant de paix entre les maisons rivales – bien que cette manière de procéder soit davantage de l'ordre d'une punition qu'autre chose – néanmoins ses interventions aggravaient chaque fois davantage la situation dans laquelle figuraient ses élèves, pour le plus grand plaisir de Blaise et de Pansy, qui se délectaient de pousser les Gryffondor – et leurs anciens amis – dans leurs retranchements.

– Pourquoi avez-vous décidé de refaire votre année, vous ? Ne craigniez-vous pas d'être mal vus après la guerre ? demanda Harry aux deux Serpentard, tandis que le groupe de cinq se déplaçait en direction de la sortie, visant Pré-au-lard.

Hermione adressa un coup de coude discret à son ami, qui lui renvoya une œillade réprobatrice, se jugeant en droit de se poser une telle question. Grimaçant, la Gryffondor tourna la tête en direction de son petit ami, qui ne sembla pas s'insurger d'une telle curiosité. Rassurée, elle tendit l'oreille, s'avouant pour la première fois qu'elle s'était également interrogée sur le sujet trois mois auparavant.

– Pour moi, c'était plutôt une question d'égo, avoua le châtain à la surprise générale. Je veux dire que je refusais de savoir que la dernière image que l'on aurait de moi, de ma maison, serait celle d'un traître à Poudlard. J'ai voulu réparer la casse, en quelque sorte.

Draco hocha la tête, réalisant qu'il n'avait jamais posé la question à Théodore auparavant. Il était simplement parti du principe qu'il y était retourné pour la même raison que lui ; il s'était pourtant trompé, les motivations de son ami étaient de loin plus nobles que les siennes.

Harry lui renvoya un regard interrogateur, supposant :

– C'était la même chose pour toi ?

Le blond soupira, puis secoua lentement la tête. Il tenta d'afficher un air un tant soit peu serein, mais il ne pouvait s'empêcher de bouillir de l'intérieur à l'idée de ne jamais avoir vraiment été maître de sa vie, de ses décisions.

– Mon père m'y a obligé. Menaçant de me déshériter, entre autres. Enfin, ça n'a plus d'importance, aujourd'hui.

Harry serra les dents à mesure que l'image de Lucius Malfoy lui apparaissait plus clairement. Au-delà d'être sans doute l'homme le plus lâche, le sbire le plus incompétent et le mari le plus ingrat, il avait été un père effroyable. Le jeune homme sentit son cœur se serrer à l'idée de toutes les choses auxquelles le Serpentard n'avait pas eu droit. Bien sûr, Harry avait perdu ses parents, il connaissait tout du deuil et de sa brûlure infernale, de ce vide permanent et de cette impression qu'il nous manque toute une partie de soi, mais il avait été aimé. Dès ses onze ans, il avait rapidement su où se situait sa véritable famille. Draco était-il même capable d'envisager de fonder une famille, lui qui en avait été privé toute sa vie ?

" 𝓁𝑜𝓋𝑒 𝓅𝑜𝓉𝒾𝑜𝓃 " - DRARRY/THEOMIONEWhere stories live. Discover now