Chapitre quatre

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— Hermione pourquoi n'es-tu pas dans le même état que nous ? s'emporta Ron en faisant les cent pas dans la salle commune de Gryffondor, tournant comme lion en cage.

À ses côtés, Harry était lui aussi dans un piteux état : le jeune homme ne cessait de lancer des coups d'œil furtifs en direction de la porte, avec l'espoir vain que l'objet de ses cauchemars — ceux-ci se transformant peu à peu en rêves à ses dépends — le rejoindrait ici et maintenant, pour qu'il puisse enfin assouvir le mal qui le démangeait.

— Parce que j'ai accepté mes sentiments, éluda-t-elle, toujours penchée sur ses parchemins.

— Mais comment diable pourrais-je accepter d'aimer cet immonde... rah ! pesta Ron en se prenant la tête entre les mains.

Harry tenta tant bien que mal de se calmer, et s'assit sur le divan, se vidant l'esprit pour y voir plus clair.

— Je veux vraiment le faire, suivre tes conseils, Mione, avoua Harry d'un ton si sérieux qui fit lever la tête de la jeune femme. Seulement... suppose que ça devienne réel ?

Ron rit sarcastiquement, croyant à une farce douteuse de son ami.

— Tu plaisantes ? Tu penses vraiment que tu pourrais aimer cette fouine ? Mais ce n'est pas réel, mon vieux, tu délires !

Harry ignora cependant ces mots avec brio, les yeux toujours vissés dans ceux d'Hermione, qui réfléchissait intensément.

— À vrai dire, je pense que cette magie est plus puissante qu'on ne le pense, commença-t-elle. Certes, elle nous fait tomber amoureux de la première personne dont on croise le regard, ce qui laisse penser que c'est le fruit du hasard, je suis la première à croire les théories de « destin » infondées. Mais supposez une petite minute qu'ils n'aient pas été choisis au hasard ? Je veux dire, réfléchissez, ne serait-ce pas le summum de l'ingéniosité, de la part de McGonagall, que de choisir ces personnes précisément ?

— Tu penses qu'elle nous aurait fait un coup pareil ? s'étonna Ron avec une grimace désabusée.

— Elle avait sérieusement l'air de vouloir la jouer tendre, hier ? Pour que vous y compreniez mieux, regardez : Harry, toi et Malfoy avaient toujours eu des relations conflictuelles, c'est un fait, mais combien de fois le professeur McGonagall a-t-elle sous-entendu que vous seriez faits pour vous entendre, sans l'amas d'étroiture d'esprit qui vous maintenait l'un à l'écart de l'autre ? Ron, toi et Zabini êtes ceux qui font le plus de bruit... sérieusement, vous avez même détrôné Harry et Malfoy. Peut-être voulait-elle vous donner une bonne leçon. Quant à moi... ne vous énervez pas mais la vérité c'est qu'il m'a toujours plu, avoua-t-elle en se grattant la nuque nerveusement.

La bouche d'Harry ne formait plus qu'un « oh » silencieux, tandis qu'au contraire, Ron bombardait son amie de questions, comportant des reproches sous-jacents que la brune s'efforça de ne pas prendre en compte, sachant qu'il agissait de cette manière sous le coup de la stupeur.

— Comment tu expliquerais Pansy et Neville ? Seamus et Crabbe ? l'interrogea Harry.

— Une source de distraction ? Après tout, elle n'avait guère beaucoup de choix, dit la jeune femme en haussant les épaules.

— Moi, je n'y crois pas. Comment tu expliques que — comme par hasard — nous ayons croisé le regard de la personne visée ? McGonagall nous aurait poussé à les regarder d'un coup de baguette ?

— Non, Ron, mais si le philtre te dit d'aimer une certaine personne, il ne serait pas surprenant que ton esprit te pousse à te tourner vers elle.

Harry vit la mine de Ron se décomposer tandis qu'il réalisait la fourberie de la théorie d'Hermione. La vieille femme devait vraiment s'ennuyer, pour avoir recours à de tels stratagèmes ! Dumbledore devait être fier, de là où il était.

" 𝓁𝑜𝓋𝑒 𝓅𝑜𝓉𝒾𝑜𝓃 " - DRARRY/THEOMIONEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant