" 𝓁𝑜𝓋𝑒 𝓅𝑜𝓉𝒾𝑜𝓃 " - DRARRY/THEOMIONE

Chapitre quatorze

En chemin, Draco approcha de Théodore, qui lui sourit d'un air entendu.

— Évidemment que nous aurions pu coucher dans la salle sur demande, mais c'est plus amusant comme ça, pas vrai ? murmura le châtain, les yeux braqués droit devant lui avec malice.

Draco secoua la tête, avant de croiser le regard de Harry, comprenant qu'il n'avait pas été le seul à songer à cette option. Seulement, ils avaient dépassé le stade de l'animosité, si bien que personne ne releva plus cette idée.

Pénétrant d'un pas assuré dans le repère de leurs rivaux héréditaires, les Serpentard s'étonnèrent de remarquer que la pièce toute entière respirait la chaleur et l'impétuosité — mélange à l'image du caractère lunatique de la plupart des membres de cette maison.

Draco ouvrit la bouche pour commenter l'apparent manque d'organisation la part des rouges et or, n'hésitant à laisser traîner un certain nombre de bricoles dans l'espoir que quelqu'un trouve la motivation de tout remettre en ordre, au risque de frôler la crise de nerfs dans un tel environnement.

Seulement, un grognement de Ron l'en dissuada, et le sourire en coin d'Hermione laissa tout le loisir aux deux garçons de comprendre que suffisamment de reproches avaient été fait à cette hygiène douteuse dans laquelle eux nageaient au quotidien. Draco s'étonna de la simplicité avec laquelle les membres du trio d'or semblaient se comprendre, communiquer sans que le moindre mot ne soit prononcé.

Il semblait même que des regards suffisent à transmettre d'importants messages, chose qui serait qualifiée d'impossible dans une maison telle que Serpentard, davantage basée sur la rétention d'informations que sur un partage, une convivialité dont les murs eux-mêmes respiraient ici.

La pensée saugrenue qu'il pourrait se complaire dans cette ambiance opposée au monde dans lequel il avait grandi traversa l'esprit de Draco, et pour ce qui était sans doute la première fois depuis bien longtemps, le jeune homme ne regretta pas cette idée, ne se sentit pas coupable de souhaiter s'émanciper de son passé. Après tout, les membres de sa maison eux-mêmes – bien que fortement influencés par le récit de Pansy – lui avaient fait comprendre qu'ils ne désiraient plus de sa présence, sa loyauté ou même son adhésion à leurs idées, ce qui lui donnait bien le droit de se pencher vers d'autres horizons.

Encore sous l'effet du choc provoqué par ce rejet soudain et brutal, il semblait au Malfoy qu'un déclic s'était fait en lui, il refusait désormais de continuer à vivre selon les bons désirs d'autrui ; lui qui avait passé près de dix-huit ans à se plier aux exigences, aux désirs, aux attentes d'autrui ne souhaitait désormais rien d'autre que l'opportunité de comprendre, découvrir qui il aspirait à devenir, quelle voie il souhaiterait réellement emprunter et avec qui il désirait partager ce chemin.

L'idée de choisir de lui-même le chemin qu'il emprunterait lui insufflait un tel sentiment de liberté qu'il eût la sensation de se sentir planer quelques instants. Quelle était cette grisante impression qu'il lui semblait ne jamais avoir ressenti ? Et pourquoi diable se sentait-il déjà complètement accro à ces sensations nouvelles ?

Un frisson lui traversa la colonne vertébrale, et ses yeux se posèrent presque contre son gré sur le dos de Harry, occupé à écouter les instructions d'Hermione à propos de la meilleure manière de créer une deuxième couchette qui serait imperméable à quelconque incantation visant à en démasquer la présence – en effet il serait préférable que la présence des deux Serpentard en leur compagnie reste sous silence le temps que cette histoire se tasse, tous ici n'avaient pas de doute quant aux bruits qui courraient très probablement dans les couloirs de Poudlard dès le lendemain.

Comme très loin d'être crédule au sujet des pensées qui occupaient précédemment l'esprit de son ami, Théodore adressa un léger sourire à Draco, qui hocha la tête presque imperceptiblement, comme acquiesçant désormais aux paroles désormais bien plus claires que le garçon avait prononcé juste avant l'arrivée des Gryffondor, devant la salle commune de Serpentard.