Chapitre trente-et-un

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Ron avait peu à peu senti un malaise grimper en lui.

Jusqu'à atteindre un point culminant, qui l'avait fait suffoquer. Il avait senti la culpabilité s'insinuer vilement sous sa peau, pour ne plus jamais le quitter. Il n'avait jamais voulu rendre Hermione malheureuse. Au contraire, il avait sincèrement essayé de faire son bonheur.

Il avait mis un bon moment à réaliser qu'il ne pouvait pas faire ce choix pour elle. Que quoi qu'il arrive, il n'avait pas le droit d'interférer comme il l'avait fait. Il avait d'abord refusé de l'admettre, parce que Ron était ce qu'il était. Mais le roux n'avait pu continuer comme cela plus longtemps.

Hermione lui manquait. Depuis sa dispute avec Théodore, elle n'était plus qu'une ombre. Et lui, il y avait contribué. Parce que même s'il avait tenté de se persuader du contraire, Ron croyait en la bonne foi du Serpentard. Il avait commencé à y croire dès qu'il avait parcouru sa lettre.

C'était même ce qui l'avait poussé à ne pas la remettre à Hermione. La jalousie. Il avait cru qu'il ne l'éprouverait plus, sous les effets d'un philtre qui le faisait ressentir des sentiments pour un autre. Mais sa jalousie n'était pas simplement liée à l'amour qu'il éprouvait pour elle. Il enviait aussi la relation qu'elle entretenait avec le Serpentard, la manière dont il parvenait toujours à lui redonner le sourire.

Il aurait voulu être cette personne, pour elle. Mais ce n'était certainement pas en faisant ce qu'il avait fait qu'il le deviendrait. C'est pourquoi il avait finalement ressorti la lettre de sa robe de sorcier. Il aurait pu la reposer sur la table, et agir comme s'il ne s'était jamais montré aussi égoïste.

Cependant il voulait qu'elle comprenne qu'il regrettait. Même si c'était ridicule, cela allègerait sa conscience. Il savait qu'il le regretterait très certainement, mais tant qu'il était déterminé à le faire, il savait que c'était le moment ou jamais.

Lorsqu'il la croisa dans le couloir, il sut que c'était le moment où jamais. Fermement accroché à la lettre, il hésita une dernière fois. Comment le regarderait-elle, après ça ? Il prit une profonde inspiration, puis se planta devant elle. Hermione ne le remarqua qu'à la dernière minute.

– Ron ? Tout va bien ?

Il cligna des paupières, puis sortit la lettre de sa poche avec empressement. La jeune femme fronça les sourcils, posant les yeux sur le papier. Elle lui demanda :

– Qu'est-ce que c'est ?

– Lis la juste.

Hermione le regarda étrangement, puis saisit l'enveloppe avec perplexité. Elle espérait qu'il ne s'agissait pas d'une lettre d'amour, parce que son ami devait savoir qu'il ne le voyait pas comme tel. Elle reconnut immédiatement l'écriture de Théodore. Ses doigts se figèrent sur le papier, mais elle n'hésita pas un instant à le lire.

« Hermione,

Je suis désolé. Je n'ai jamais voulu te faire de peine. J'ai cru que je pourrais offrir à Pansy ce que toi, tu m'as offert. Un abri, une nouvelle maison. Mais ce que tu m'as apporté, c'est tellement plus que ça. Ça m'a tellement tourné dans la tête que j'ai cru en devenir dingue. J'aurais aimé trouver le courage de te le dire en face, mais je t'aime. Je t'aime. Ce qui est parfaitement ridicule, tu mérites bien mieux que moi. C'est pour ça que je n'avais jamais envisagé de t'approcher avant ça : pourquoi tu te serais souciée d'un garçon comme moi ? Je n'ai jamais eu honte de ce que j'éprouvais pour toi, je me fichais bien de savoir ce que Salazar Serpentard, ma maison et mon propre père penseraient de moi. Si toi, tu voulais bien que j'entre dans ta vie, rien d'autre ne comptait. Mais je me suis dégonflé, parce que c'est ce que je fais toujours. C'est aussi pour ça que je ne suis pas en face de toi en ce moment même. Comme j'ai peur de voir que ce que j'éprouve ne suffit pas à te faire rester. Pourtant, c'est la suite logique, la manière dont ça devrait se passer, mais ça me terrifie tout de même. Je suis désolé de ne pas m'être battu davantage, ça n'enlève rien à ce que je ressens pour toi, et je te promets que si tu voulais bien de moi de nouveau, je deviendrais une meilleure personne. Quelqu'un qui te mérite. Du moins, j'essaierais. Au cas où ce n'était pas assez explicite : je suis terriblement amoureux de toi. Comme c'est libérateur : je t'aime, je t'aime, je t'aime. Je pourrais l'écrire cent fois sans m'en lasser. Mais c'est toi que je risquerais de lasser. Donc, en résumé, je suis un pauvre idiot. Mais les idiots aussi ont des espoirs. Est-ce que tu penses qu'ils ont raison ?

" 𝓁𝑜𝓋𝑒 𝓅𝑜𝓉𝒾𝑜𝓃 " - DRARRY/THEOMIONEWhere stories live. Discover now