Chapitre vingt-huit

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Théodore n'avait pas encore eu le courage de remettre sa lettre à Hermione. Elle était prête, chaudement gardée tout au fond de sa poche. Tous les sentiments qu'elle avait provoqués chez lui ces quatre dernières années y étaient consignés. De ses premiers questionnements à ses réalisations les plus brutales. Sa phase de déni, ses piètres tentatives de passer outre. Il lui semblait que jamais, pas une fois, il n'avait été aussi honnête avec lui-même.

Peut-être l'avait-il trop été, justement, parce qu'il ne parvenait pas à trouver la force de lui remettre cette part de lui. Il avait bien trop peur que cela ne suffise pas, ce qui signifierait plus aucun retour en arrière possible, un arrêt définitif de leur relation. Il savait que demeurer dans cet entre-deux malsain n'était pas non plus la solution, mais il sentait qu'il avait besoin d'un coup de pouce, n'importe quoi qui lui permette de trouver la force de s'ouvrir pour de bon.

C'est ce matin-là que ce courage s'imposa à lui, mais peut-être pas de la manière dont il l'avait envisagé.

Lorsque Théodore pénétra dans la grande salle, à sept heures du matin, il ignora soigneusement le regard d'Hermione. Il ne savait même pas si cette dernière avait cherché le sien. Il avait conscience que ce comportement aggravait certainement l'opinion qu'elle avait de lui, mais ne parvint pas à faire autrement . Il s'assit à la table des Serdaigle, obstinément vide en cette période de vacances. Il ne désirait pas se trouver à quelques mètres de ses anciens amis, mais ne se sentait pas non plus légitime à partager la tablée de ceux qu'il considérait comme ses nouveaux.

Lorsque Draco y entra à son tour, il le vit hésiter un instant, puis le Serpentard le rejoignit. Théodore lui adressa un petit sourire reconnaissant. Suite à quoi des battements d'ailes se firent entendre, signifiant l'arrivée du courrier. Théodore n'y prêta d'abord pas grande attention, plongé dans ses pensées.

Ce n'est que lorsqu'il vit une lettre d'un pourpre bien connu se tenir devant lui qu'il déglutit difficilement. Il n'eut pas le temps d'adresser un regard à Draco, que déjà la voix stricte de son père retentissait dans toute la pièce :

– Théodore, je suis très déçu de ce que j'apprends. Tu n'as pas rendu honneur à notre nom en batifolant de la sorte avec une sang-de-bourbe. Néanmoins, je suis soulagé d'apprendre que tu as su te reprendre en main et choisir un meilleur parti. Le nom Parkinson sciera bien mieux à notre famille que celui d'une Gryffondor au sang impur. J'apprécie ton honnêteté et le fait que tu sois revenu sur la bonne voie. Nous discuterons de la manière dont tu seras sanctionné pour ta faute dès ton retour. Bien à toi, ton père.

Théodore connaissait le ton que l'homme avait employé. Il savait qu'il ne s'en tirerait pas à si bon compte. Le temps d'une seconde, il resta totalement paralysé alors qu'un silence de plomb s'était abattu sur la salle. Il trouva finalement le courage de lever les yeux pour constater les dégâts. Avec un peu de chance, certains ne seraient pas encore levés.

Il remarqua à regret que pas un seul élève ne manquait à l'appel. Même le professeur McGonagall l'observait avec pitié – peut-être qualifierait-elle cela de compassion. Il se leva dès qu'il croisa le regard blessé d'Hermione. Il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il pourrait dire pour démentir ce qu'elle venait d'entendre, c'était indéfendable. Il n'était pourtant pas responsable de ce qui venait de se produire.

Il amorçait déjà un pas dans sa direction, mais vit Ron tirer la jeune femme vers lui. Cette dernière ne protesta pas, l'air stupéfait. Harry tentait visiblement d'argumenter, mais cela ne prenait pas. Théodore s'empressa de les rejoindre, et parvint finalement à percevoir ce qui se disait :

– Arrête de le défendre, bon sang, Harry, tu as bien entendu la même chose que nous !

Ron semblait sincèrement en colère. Un sentiment qui redoubla de virulence lorsqu'il vit que Théodore s'était rapproché. Une expression de profond dégoût se dépeignit alors sur ses traits, et le Serpentard s'en sentit blessé. Il n'aurait pas dû l'être, il savait que le roux avait toutes les raisons du monde de lui en vouloir. Mais trop d'émotions le submergeaient pour qu'il puisse les intégrer avec recul.

" 𝓁𝑜𝓋𝑒 𝓅𝑜𝓉𝒾𝑜𝓃 " - DRARRY/THEOMIONEWhere stories live. Discover now