Chapitre trente-quatre

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Les jours défilèrent à une vitesse étonnante. Lorsque Blaise et Pansy n'interféraient pas avec eux – au-delà des piques habituelles – leur quotidien était remarquablement plus calme. Ils s'étaient promis de ne plus toucher à l'alcool avant la reprise, ce qui avait été scrupuleusement respecté.

Ils n'avaient pu que constater que le philtre avait atteint son point culminant le soir de Noël. Il n'y aurait pas de « pire », ce qui était bien plus rassurant que l'incertitude. Néanmoins, le calme qui s'était instauré laissa bientôt place à l'angoisse. À mesure que les lunes se succédaient, l'approche de la fin des effets du philtre se faisait de plus en plus palpable.

La veille de la reprise, quelques sourires étaient artificiels.

Certainement pas ceux des Serpentard. Blaise et Pansy jubilaient.

Les autres tâchaient de ne pas y prêter attention.

Si ceux qui avaient vus ce philtre comme une contrainte le vivaient comme un soulagement sans pareil – Ron, Neville, Dean et Seamus –, Harry et Hermione partageaient l'inquiétude de Draco et de Théodore. Comme le soir de Noël, ils avaient pensé que la fin de soirée devrait se passer par duo. Ils avaient des choses à se dire qu'ils ne seraient peut-être plus capables d'avouer le lendemain.

Harry et Draco avaient décidé de changer de paysage. S'ils revenaient à la tour d'astronomie, ce serait en pleine conscience. Ils avaient préféré se balader aux abords de Poudlard, près du lac. Les étoiles étaient particulièrement brillantes, ce soir-là. Ou peut-être n'était-ce qu'une impression. Harry ne parvenait plus à faire la distinction entre ce qui était factice et ce qui ne l'était pas.

– Qu'est-ce que tu feras, à ta sortie de Poudlard ?

Draco tourna un regard étrange vers Harry. Ils étaient allongés dans l'herbe, complètement à la merci des astres. Le bruissement de l'eau, des feuilles et du vent rappelait une nuit d'été. S'ils n'eurent pas été complètement couverts, et mouillés par des restes de neige.

Ils étaient dans un entre-deux complètement paradoxal, qui leur donnait l'impression de vivre plusieurs vies en même temps. C'était aussi ce que ces quatre semaines avaient provoquées, chez eux. Comme une pause, un arrêt du temps l'espace d'une seconde qui fila finalement à toute allure. Ils étaient avares de davantage de temps, mais n'en avaient pas.

Et Draco était certainement le plus inquiet des deux, même s'il ne le reconnaîtrait jamais. Il ne savait pas pourquoi Harry semblait si détendu, mais n'avait pas le cœur à le lui demander.

– J'intègrerai le ministère. Je veux faire quelque chose dont je pourrai être fier, pour une fois, avoua-t-il en regardant de nouveau dans le vague.

Il sentit qu'Harry hochait la tête. Il se demandait si son regard était encore posé sur lui. L'idée qu'il ne le soit pas l'embêtait profondément.

– Peut-être que nous travaillerons sur les mêmes affaires.

Draco eut un sourire jaune, et Harry demanda :

– Qu'est-ce qui te fait sourire ?

Son rictus se transforma en véritable satisfaction. Il avait la preuve que Harry le regardait, ça lui suffisait. Il n'avait pas besoin de connaître la lueur qui animait ses prunelles : s'il s'y plongeait, il n'en ressortirait jamais.

– Je pense que ça ferait scandale, un ex-mangemort et le sauveur du monde sorcier.

Il vit du coin de l'œil que le corps de Harry s'était tendu à ses mots. Il s'attendait à ce qu'il le contredise, mais le jeune homme répondit, après quelques instants :

" 𝓁𝑜𝓋𝑒 𝓅𝑜𝓉𝒾𝑜𝓃 " - DRARRY/THEOMIONEWhere stories live. Discover now