Chapitre vingt-trois

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Lorsqu'un hibou au pelage soigné, à l'allure fière et au regard droit s'envola d'un battement d'ailes en sa direction, Draco sut pertinemment de qui la missive lui étant adressée provenait.

Presque malgré lui, il ressentit une certaine appréhension à dérouler le papier, qui lui semblait aussi empoisonné que les mots de son père seraient certainement tranchants. Harry lui adressa un coup d'œil interrogatif, auquel le blond ne répondit pas, s'efforçant de conserver la respiration la plus régulière possible.

Il parcourut la feuille des yeux. Sans la lire, d'abord, il prenait connaissance de la manière dont les lignes avaient été tracées, la rapidité à laquelle cela s'était produit et la quantité d'encre nécessaire à ces quelques phrases. Il se demanda alors si sa mère avait contribué à ce message, si elle avait même pris la peine de venir au bout de la lettre qu'il lui avait adressé. Il l'imagina parcourant ses mots des yeux avec cette même expression déçue avec laquelle elle l'avait regardé lorsqu'il avait amorcé un refus à l'idée de retourner à Poudlard une année de plus.

L'adolescent savait qu'il devrait lire cette lettre, dans les secondes qui suivaient. Il réalisait parfaitement ce que cela impliquait, comme cette pensée sinueuse qui cheminait dans son esprit, lui susurrant que tout serait différent, une fois qu'il aurait finalement trouvé le courage d'affronter ces lignes.

Pourtant, il demeura évasif, se demanda un temps pourquoi le hibou attitré de Lucius Malfoy semblait lui aussi si bien coller à l'image qu'il dégageait, pourquoi sa mère avait épousé un homme qui éprouvait si peu de considération à son égard, pourquoi avaient-ils décidé de n'avoir qu'un enfant, assurant ainsi une descendance bien limitée. Il se demanda beaucoup de choses, mais pas un instant il ne songea à la main posée sur son épaule.

Comme si celle-ci était tout ce qu'il y avait de plus normal. Comme si là était sa place, depuis la nuit des temps. Et après tout, qui prendrait la peine de le contredire sur ce point ?

Il commença alors à lire.

Draco,

J'ai été pour le moins surpris de ton revirement de comportement. Peut-être n'est-ce qu'un résultant de mes propres demandes, je t'ai souvent incité à t'affirmer, il est vrai que cela t'a probablement conformé dans l'idée qu'il était temps pour toi de mener une sorte de rébellion, je suis passé par cette étape, avant de gagner en maturité. J'entends ta demande d'émancipation, je comprends que tu puisses regretter d'être ainsi caricaturé comme le fils d'un mangemort, cependant je refuse de te voir ainsi réfuter ta vraie nature, c'est une insulte à notre nom, que tu nous fais-là. Je ne répondrai pas à ta requête, ta lettre est bel et bien la preuve que l'enseignement que je t'ai donné n'est pas terminé, tu passeras le plus de temps possible au Manoir, désormais, je ne tolèrerai pas davantage d'écarts.

Sois digne,

Lucius Malfoy.

Digne, digne, digne...

Ce mot résonnait aux oreilles de Draco comme une insulte. Était-ce donc si indigne que de désirer autre chose ? Il n'en voulait pas même davantage, n'avait pas une seule fois sous-entendu qu'il nécessitait de la moindre aide financière, il n'avait pas parlé de ses terres, de ce qu'on lui avait toujours présenté comme son dû, il n'avait demandé qu'une chose, probablement la seule que son père ne consentirait jamais à lui offrir : la liberté.

Le jeune homme serra les dents, et froissa le papier. Il ne prit pas la peine de prétendre qu'il était insensible au refus de son père, ne tenta pas de garder la tête froide, pas plus qu'il ne rechigna à suivre Harry, lorsque celui-ci le tira hors de la grande salle sans un regard pour les airs interloqués de leurs amis.

" 𝓁𝑜𝓋𝑒 𝓅𝑜𝓉𝒾𝑜𝓃 " - DRARRY/THEOMIONEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant