Chapitre 26

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Les yeux exorbités, Faolàn voit le corps de la jeune femme tomber en avant, tandis que ses yeux, après avoir regardé un instant vers le haut, se ferme. Son visage pâli, se ferme d'émotions.

« Freyja ! », s'exclame le jeune homme en faisant un bond en avant, tentant -en vain- de rattraper le corps inconscient qui tombe au sol avec un cognement sourd, tête la première,     « Merde ! » Des bruits de pas se font entendre et la porte de la chambre s'ouvre en grand lorsque Pranan et Allande passent leur tête à l'intérieur. Leurs yeux vont de Faolàn à Freyja, de Freyja à Faolàn.

« Mais qu'est-ce que t'as encore fait ! », s'exclame Pranan d'un ton accusateur. Son ami pâlit.

« Rien ! Je te jure que je n'ai rien fait ! », il se passe une main frénétique dans les cheveux en bataille, « Je n'ai rien fait », répète-t-il en murmurant, « Mais elle s'est souvenue. »

Allande se fige et tourne sa tête vers lui d'un coup brusque.

« Elle s'est souvenue ? », dit-il, le visage rigide. Faolàn hoche la tête. Le guérisseur réfléchit quelques secondes en se mordillant la lèvre. Il craque ses doigts. « Faolàn, bouge tes fesses, rhabille-toi. IL faut qu'on l'allonge le temps de comprendre ce qui lui arrive. »

Le jeune homme hoche la tête sans un mot, sort des fourrures et enfile ses habits le plus rapidement possible, observant d'un air inquiet Freyja, au sol, qui ne bouge toujours pas. Lui et Pranan la soulève doucement et l'installe sur les fourrures après lui avoir remise une tunique propre. De la sueur recouvre son corps fin et de larges cernes entourent ses yeux fermés. Ce n'est pas bon. Allande leur fait chercher un morceau de tissu imbiber d'eau. Le guérisseur lui nettoie ensuite le front, la nuque, relève ses cheveux.

« Je pense que tout ça était un peu beaucoup pour elle », dit-il et relève les yeux vers Faolàn, « Je t'avais pourtant prévenu. Freyja est encore fragile. Pas forcément physique mais d'un point de vue émotionnel, ce qui a des conséquences sur son corps. Heureusement qu'elle respire encore, son cœur aurait très bien pu décider de la lâcher vu le choc que ces informations ont dû créer en elle ! » Faolàn pâlit un peu plus. Freyja ne peut pas mourir !  Cette scène a quelque chose de lugubrement familier. Il serre les dents et lève des yeux durs et déterminés vers le guérisseur.

« Freyja est peut-être fragilisée mais pas fragile. Elle va s'en sortir. Et à quoi vous vous     attendiez ? Vous vouliez lui cacher la vérité jusqu'à la fin des temps ? Elle avait un droit de savoir et elle voulait savoir ! »

Allande rit durement.

« Peut-être, mais tu n'étais même pas foutu de lui révéler toute la vérité ! Et personne ne t'as obligé à lui raconter en premier lieu! »

« A cause de ce que vous m'aviez dit ! Certaines choses qui sont arrivées ne pouvaient pas être révélé tranquillement, un matin, durant un discours déjà assez compliqué ! J'ai tenté de lui révéler l'essentiel sans la blesser de trop ! Ne pas savoir la démanger!»

Le guérisseur est silencieux un instant puis secoue la tête, levant les yeux au ciel.

« Ne pas la blesser de trop. Quelle ironie de ta part, mon garçon. Tu dis ça alors qu'il y a quelques mois, tu n'as fait que ça – et est-ce que tu vois maintenant, où tout ça a mené cette pauvre petite ? A cause de ce que toi et son... son prétendu frère ont fait ! Si ce n'était pas pour elle et Kild, je ne resterai pas une seconde de plus sous le même toit que des meurtriers, des criminels ! »

Pranan grogne et serre les poings, faisant un pas en avant vers l'homme plus âgé qui l'observe sans broncher.

« C'est facile, n'est-ce pas ? », dit-il d'une voix froide, « C'est facile de juger les autres pour des actes qui ont commis dans le passé, sans en connaître les détails et sans chercher à comprendre. Le frère n'est d'ailleurs pas seulement prétendu, Allande, et vous n'avez aucun droit de nous parler sur ce ton. »

Vénus en fleursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant