Chapitre 35

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Les yeux rivés vers la fenêtre, il se passe une main sur le visage tandis qu'un garçon d'une quinzaine d'années lui tend un verre d'alcool. Il prend la boisson et d'un geste de la main dédaigneux, écarte le gamin qui baisse la tête et sort de la pièce élégante à reculons. Un jeune chien au pied de l'homme bâille avant de pousser un grognement satisfait. Il lui donne un petit coup de pied.

« Silence. », dit-il dans un croassement dur et désagréable : aussitôt, l'animal se tait et s'aplatit contre le sol. Il prend une gorgée de vin et ferme les yeux quelques secondes, juste le temps d'entendre la porte de la chambre s'ouvrir. La  femme entre et s'assoit à sa place en face de lui.

« C'est fait. », annonce-t-elle doucement et il se prend à sentir un sourire cruel lui caresser les joues.

« Quelle bonne nouvelle, mon ange. », murmure-t-il, « Il était temps. »

Elle s'avance un peu vers lui et lui caresse le bras.

« Le jeu a commencé. », souffle-t-elle, « L'heure de la vengeance a sonné. »

Il hoche la tête et éclate dans un rire guttural.

~***~

Freyja quitte la chambre de Faolàn, partagée entre divers sentiments. Comment pouvait-il insinuer qu'elle jouait avec lui. Elle ? Jouer avec un homme ? L'idée même lui semble extrêmement ridicule et jamais elle n'avait cru qu'on lui reprocherait un jour une chose pareille. Elle se rend à la cuisine, le pas lourd. Allande y est assis. Elle s'approche. Devant lui, un objet gravé. Lorsqu'il l'entend arriver, il relève la tête pour la regarder, l'air légèrement perturbé.

« Allande ? », demande Freyja doucement. Il ne répond rien et lui tend la lettre. En se mordillant la lèvre, Freyja lit rapidement les mots gravés dans la tablette.

Freyja, mon ange.

Il y a si longtemps que je rêve de t'écrire. Des années de ça, j'ai disparu de ta vie et de celle de tes frères. Je l'ai fait pour votre bien, crois-moi, jamais je n'aurais abandonné mes enfants volontairement. Mais maintenant, le temps presse : je suis malade et je souhaite voir mes enfants avant de mourir. Encore une fois, une dernière fois. Je t'en prie, toi et Pranan, venaient demain à l'aube, à la clairière aux violettes.

Je t'embrasse.

Frigg, ta mère.

Lentement, Freyja relève la tête, les sourcils froncés.

« C'est une blague ? », demande-t-elle. Allande hausse les épaules.

« Je ne sais pas. Un homme est venu apporter ce message ce matin, essoufflé. Il a répété plusieurs fois que c'était urgent. »

La jeune femme lève les yeux au ciel et pose le bout de bois sur la table.

« N'importe quoi », grogne-t-elle, « Je ne sais pas qui s'amuse à écrire des messages de la part de ma mère défunte mais c'est d'un extrême mauvais goût ! »

Pranan arrive à la cuisine. Il jette un bref regard à sa sœur avant de se tourner vers Allande.

« Qu'est-ce qu'il se passe ? », demande-t-il.

« Lit. », grommelle Freyja et à son tour, le jeune homme commence la lecture du message. Lorsqu'il a fini, il secoue la tête.

« Quelle connerie. Encore un gamin avec trop d'imagination qui s'amuse à emmerder le monde. »

Allande, déjà blanc comme un linge, pâlit un peu plus.

« Je ne sais pas, si notre situation actuelle nous permet de penser qu'il ne s'agisse que d'une blague ou à une gaminerie stupide. », dit lentement le guérisseur. Freyja fronce un peu les sourcils.

Vénus en fleursWhere stories live. Discover now