Chapitre 40

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Freyja sent quelque chose lui chatouiller le bras. Elle tourne faiblement la tête. Laissez-moi tranquille, supplie-t-elle dans sa tête, incapable de former des phrases cohérentes à voix haute. La chose la chatouille à nouveau. Freyja n'ouvre pas les yeux.

« Freyja », chantonne la voix de Vila, « Il est l'heure... L'heure de partir... » Elle pousse un rire malsain et passe une main dans les cheveux de Freyja avant de poser sa bouche contre son oreille. « Tu vas enfin revoir ton petit Faolàn ! Même si ce n'est que pour un court instant avant que ton petit corps laid ne tombe de la falaise... »

Freyja ne répond rien. Attend d'entendre les pas de la femme s'éloigner et la porte claquer. L'heure était donc venue. La jeune femme sent une larme de soulagement lui rouler le long de la joue. Encore quelques heures de souffrances et ce serait enfin fini. Simplement quelques heures. Quelqu'un rentre dans la pièce. Elle sent qu'on défait les liens qui la maintiennent en place et la soulève. Freyja n'a pas la force de se débattre et se laisse faire. Elle sent brusquement de la lumière sur son corps nu et son visage et est aveuglée. Désorientée. Elle se met à trembler. On l'emmène dans une autre pièce où elle aperçoit le maître du coin de l'œil, assis tel un Dieux sur une grande chaise élégamment sculptée.

« Freyja, ma jolie Freyja ! », s'exclame-t-il en l'apercevant, « C'est l'heure de te rendre un peu plus présentable pour ton grand moment ! »

A nouveau, elle ne dit rien et se laisse faire lorsqu'on la transporte jusqu'à un baquet d'eau chaude. L'homme qui la porte l'installe à l'intérieur sans un mot et Freyja ne peut s'empêcher de fermer les yeux et de pousser un bruit de contentement lorsque la chaleur caresse son corps transi de froid. Quelqu'un lui lave les cheveux et le dos. Ensuite, on la sort de l'eau, l'installe sur une chaise. On lui tresse joliment les cheveux, plaçant des fleurs odorantes dans ses boucles foncées. On apporte ensuite une tunique blanche translucide qu'on pose sur son corps amoché. Le maître se pose devant elle et sourit presque tendrement.

« On dirait une petite fée ! », murmure-t-il en lui passant une main sur le visage, « Faolàn ne va pas pouvoir te résister ! » Freyja ne dit rien et sourit paisiblement. Elle se laisse faire. Se défendre ne lui servirai à rien – elle s'en ait bien rendu compte les derniers jours. Si elle ne dit rien et ne fait rien, on lui fait moins mal. A nouveau, on la soulève et la transporte jusqu'à une charrette tirée par deux chevaux. Le maître s'installe en face d'elle. Freyja est cernée de deux gardes. Dans une autre charrette se trouve Vila.

Le petit cortège se met en route et Freyja ferme les yeux, se laissant balancer par la cadence des roues et des sabots.

Plus que quelques heures et c'est fini.

Dans sa tête continue à résonner la chanson de Solveig.

Finalement, ils arrivent à un lieu qui lui est familier. La falaise. On la sort de la charrette, on l'installe précautionneusement au bord. Le maître lui offre son sourire fou désolé avant de lui-même resserré les nœuds autour de ses mains et ses poignets, tenant lui-même la corde qui, une fois lâchée, l'enverrait dans l'autre monde. Freyja regarde dans le vide et attend, profitant des rayons de soleil qui doucement éclaire son corps, un timide réconfort dans une situation comme la sienne.

~***~

Quelques jours plus tôt

Allande tourne la tête de gauche à droite, fixant tour à tour Pranan puis Faolàn, les yeux exorbités.

« Comment ça, le maître ! », s'exclame-t-il de sa voix tendre en se passant une main nerveuse dans les cheveux. Pranan soupire.

« Allande, Freyja ne s'est pas simplement promenée dans les bois. Elle s'est rendue au lieu du rendez-vous, à la clairière aux violettes où on l'a enlevé : le maître a simplement laissé une aimable petite lettre derrière lui, donnant un autre rendez-vous, cette fois à Faolàn, pour retrouver Freyja. »

Vénus en fleursWhere stories live. Discover now