LES ÉTOILES ONT PLEURÉ

ils comprennent pas

ils comprennent pas.
ils comprennent pas que j'en ai marre de vivre à travers les autres,
que le monde lui-même me passe à travers,
comme si j'étais un putain d'fantôme,
j'en ai tellement marre de ça,
j'en ai marre d'être la pote à untel,
j'en ai marre d'être connue que pour des rumeurs salaces,
j'en ai marre d'être vue comme une petite fille sage un peu intello,
j'en ai marre de pas réussir à ouvrir ma gueule un grand coup,
je pas pouvoir gueuler sur tout le monde,
d'être faible et de toujours m'ecraser quand on me crache dessus,
j'en ai marre que la faible aie toujours le dessus sur la fille forte qui se cache au fond
mais qui ne sort pas,
ils le comprennent pas.

à force j'suis devenue un putain de fantôme,
une coquille vide,
rien à l'intérieur, tout est mort depuis longtemps,
et ça ils le comprennent pas.

un jour j'aimerais bien rassembler mes affaires en plein milieu d'un cours,
quand le monde autour de moi me saoule,
rassembler mes affaires et sortir en claquant la porte,
et gueuler qu'ils me pourrissent tous la vie,
à me juger sans me connaître,
à me coller des étiquettes sans savoir ce que je suis,
à me foutre dans une case sans savoir ce que j'ai vécu,
putain,
ils comprennent rien,
ils comprennent pas ce que je ressens.

et puis aussi,
si je pouvais enfin crier, hurler, frapper dans les murs,
parce que j'en ai marre de me contenir,
si je pouvais sortir par la fenêtre la nuit,
courir sous les étoiles,
me barrer un peu, quelques jours, pour respirer,
et quand je leur en parle,
ils me prennent pour une folle,
ils comprennent pas.

je me sens à ma place nulle part,
je ne me sens jamais moi-même,
j'ai toujours un putain de masque que j'arrive pas à enlever,
je me sens à l'étroit dans ce monde, coincée dans les cases qu'on m'a attribué, étouffée comme mes sentiments, je me sens à l'écart des autres, je me sens mal ici.
et ça ils le comprennent pas.