m'en veux pas

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écoute, écoute, m'en veux pas

je sais que tu ne comprends pas ce que tu es en train de lire, ce bout de papier tout froissé et mon écriture trop tremblotante avec une encre bleue alors que je déteste les encres bleues, tu ne comprends pas pourquoi ce putain de bout de papier était scotché à ta vitre à ton réveil.

j't'imagine. j'sais pas quelle heure il sera quand tu liras ça. j'espère juste que le ciel sera coloré et que la douce chaleur du mois de juillet t'enveloppera. j'espère que les rayons du soleil te redonnera le moral.

je vais t'expliquer ce qu'il s'est passé. j'ai attendu l'automne en espérant que les couleurs me fassent esperer à nouveau, mais ça a pas marché
alors j'ai attendu l'hiver en espérant que la chaleur des fêtes de noël me redonne le sourire mais ça a pas marché
alors j'ai attendu le printemps en espérant pouvoir renaître comme les fleurs dans les champs
mais
ça
n'a
pas
marché
et là on est en été et tu sais
j'aimerais te dire que je me sens mal parce qu'au moins ça voudrait dire que je ressens quelque chose.

mais non, non, non, je traîne mon putain de cadavre à travers les rues toute la journée, matin au soir et je fais semblant d'avaler la bouffe qu'on me sert mais j'ai l'estomac noué, rempli par la bulle de vide, paradoxal non ?
j'hypersomne et je suis épuisée, paradoxal ça aussi, NON ?

j'suis en colère un peu, excuse-moi. c'est pas contre toi.

je sais pas vraiment pourquoi je t'envoie ça, pardonne-moi.

j'avais juste envie de dire au revoir à quelqu'un.

alors cache, enterre, brûle, enferme, déchire, fais ce que tu veux de cette lettre.

mais la donne pas aux flics quand ils auront retrouvé mon corps, promets-le moi.

adieu, théodore.

LES ÉTOILES ONT PLEURÉ Où les histoires vivent. Découvrez maintenant