on est partis

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on avait eu le réveil difficile, la tête endormie. on s'était levés à trois heures du matin aussi, ça y fait.

on avait eu les sourires et les claquements des bises en se voyant à quatre heures, au refuge, faut dire que ça faisait si longtemps qu'on s'était pas revus.

on avait eu le petit-déjeuner ensemble, en cercle serré, en se collant les uns aux autres pour se réchauffer.

on avait eu le début de la route. à cinq entassés dans une voiture, avec un énorme stock de clopes et de caféine.

on avait vu les paysages urbains et les forêts montagneuses. les vallées grandioses et les champs de fleurs, on a vu la mer, on a vu le ciel, on a vu des milliers de personnes sans les connaître.

on a respiré les écumes, les pollens, les fumées toxiques des cigarettes, les pots d'échappement des voitures et les pesticides des champs,

on a entendu les sifflements des oiseaux et des hommes, on a entendu les crissements des motos et les clapotis dans les flaques d'eau, on a écouté les grillons, les criquets, les cigales, les hiboux.

on a traversé le pays, des grands espaces et ses villes entassées.

on aurait pu rentrer.

mais on a tellement aimé voyager, qu'on est repartis. sur les routes d'europe de l'est, direction l'estonie.

et on s'est rendus compte qu'on avait besoin de partir loin car on ne se sentait bien nulle part.

LES ÉTOILES ONT PLEURÉ Où les histoires vivent. Découvrez maintenant