Chapitre 4

77 12 4
                                    

Leny n'arrivait pas une seule seconde à sortir ces images de son esprit. C'est à peine si il réussissait à enregistrer les paroles de son patron, qui d'ailleurs, voyait bien qu'il perdait son temps à essayer de lui soutirer une explication à son retard.

La seule chose que le jeune homme avait retenu, c'était que le lendemain au soir, il devrait à nouveau partir à la rencontre de ces trois drôles de dames.

Tout au long de la journée, il fut parcouru de mille et une questions qui restaient sans réponses. Que se cachait-il derrière ce trio féminin ? Étaient-elles bien des prêtresses comme elles le prétendaient ? Que lui voulaient-elles ? Quelle était cette mystérieuse histoire de sort qui n'avait pas fonctionné ? Et de quelles déesses parlaient-t-elles ?

Le jeune homme avait toujours vécu profondément encré dans la réalité, et imaginer des réponses surnaturelles à ces questions le répulsait...mais l'intriguait en même temps. 

Le soir même, il chercha immédiatement le nom des déesses évoquées par ces trois femmes. Sekhmet, Hathor et Meretseger. Et lorsqu'il su qui se cachaient derrière ces trois noms, il ne put décrire les sensations qui traversèrent son âme. C'était le murmure infime, l'appel des mystères d'une civilisation disparue, qui suscitait pourtant encore une admiration profonde dans tout les cœurs.

L'Égypte... Il en avait entendu parler une fois, à l'école. Mais cela n'avait jamais été plus loin.

Soudain, il revit les trois statuettes posées sur la cheminée et tout devint clair.

La première à tête de lionne représentait Sekhmet, et était reliée à Satis, la première femme. La seconde à tête humaine, la tête surmontée d'un disque solaire entourée par deux cornes noires était Hathor, reliée à Menat. Et enfin, la troisième à tête de serpent correspondait à Meryt.

Pendant un court instant, il revit le visage de cette troisième femme et sentit de nouveau sa main délicate se poser contre son cœur.

Elle avait quelque chose à lui apprendre et à lui donner, quelque chose qui changerait sa vie. Volage, cette pensée traversa si rapidement son esprit qu'il n'y porta pas attention et l'oublia très vite.



Cette nuit là, il lui fut impossible de dormir. Tout ce qu'il avait lu et apprit tournait en boucle dans son esprit. Lui qui d'habitude était si terre à terre s'imaginait déjà les légendes des dieux de ce monde, et fantasmait sur les constructions millénaires de ce peuple dont la grandeur inégalée faisait sa renommée.

Divaguant de merveilles en merveilles, il s'interrompait parfois, se grondant de se laisser charmer et de croire à ces sottises, pour au final repartir de plus belle.

Pour la première fois depuis sa plus tendre enfance, il ressentait un intérêt inexpliqué pour quelque chose. Sans le savoir, la magie du mystère se frayait un chemin vers son cœur, faisant s'écrouler petit à petit les barrières de cet être, autrefois si renfermé et si brut, qui ne désirait désormais que s'ouvrir à la connaissance et à la beauté du monde.


Le lendemain matin, il se dépêcha de se préparer pour partir au travail.

Le patron du café n'en revenait pas. Le pauvre homme manqua littéralement de se prendre une porte lorsqu'il vit son employé afficher un grand sourire en revenant au bar.

Et quand il lui demanda la raison de sa bonne humeur, si inhabituelle, Leny lui répondit qu'il n'en avait aucune idée.


A la nuit tombée, il salua son patron et rentra chez lui en surveillant sa montre.

Sans attendre, il s'emmitoufla de nouveau dans son manteau et repartit dans la forêt.


De nouveau, il arriva sans encombre devant la demeure des guérisseuses et toqua à la porte. La suivante de Sekhmet apparu.

- Et bien... On dirait que ça a encore raté. Dit-elle en l'invitant à entrer.

Elle appela sans tarder ses deux amies qui arrivèrent pour constater l'échec de l'enchantement censé dissimuler leur repaire aux yeux des humains.

- Je ne comprend pas, pourtant, j'ai bien essayé avec d'autres personnes et ça a parfaitement fonctionné, ils se sont retrouvés face une maison complètement délabrée et sont repartit. Déclara la suivante de Meretseger.

- Ou alors, comme tu le pensais, murmura la suivante d'Hathor, il y a une raison derrière tout cela.

La magicienne interpella Satis, qui continuait à fixer le visiteur de son regard de feu, presque insoutenable.

- Je pense que nous n'avons pas d'autre choix que d'attendre que cela arrive. Si mes pouvoirs ont étés bloqués, c'est que les dieux en ont décidés ainsi et que cet homme à un rôle à jouer. Dit-elle.

- Tu as raison. Se résigna la guerrière. Mais quand est-ce que les dieux vont la lui confier ?

- Je ne peux pas te le dire... Nous verrons bien.

Les guérisseusesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant