Chapitre 24

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Sur sa monture, Menat ressemblait à un chevalier du cosmos venu sauver le monde.

Sa prestance et sa lumière sans égale captaient le regard des habitants qui, alertés par le vacarme en provenance du palais royal, étaient sortis de chez eux. Happés par la beauté de la suivante d'Hathor, ils n'avaient pas hésité à la suivre lorsqu'elle le leur avait proposé. Associée à la colère et au sentiment d'impuissance face au délabrement du monde de Tael, les civils avaient trouvé l'occasion de saisir les armes.



Deux hommes se trouvaient déjà au sol, la vie ayant pour la seconde et dernière fois quitté leur corps.

Le Prince regardait d'un air nonchalant les deux cadavres à ses pieds. Satis grognait et hurlait de rage, privée de son arc et de son bâton de combat, pieds et poings liés par des cordes magiques. Meryt, qui avait pourtant lancé des sorts d'une redoutable efficacité, avait subit le même sort. La suivante de Meretseger bouillonnait intérieurement, d'autant plus que toutes ses tentatives magiques pour se libérer échouaient, stoppées par les liens qui l'enserraient.

Mais tandis que le souverain s'amusait des magiciens qui essayaient tant bien que mal de protéger la Relique et les autres combattant tout en se défendant eux mêmes, la magicienne, impuissante, assistant au désastre des guerriers qui chutaient un à un comme dans un jeu de quilles, s'efforçait d'envoyer des signaux mentaux à Leny pour qu'il puisse localiser la salle. A ses côtés, elle sentait la puissance lumineuse de la musicienne qui s'intensifiait.

" Pourvu qu'ils arrivent à temps."

Elle se connecta à la magie de sa déesse et prit une grande inspiration. Bientôt, son image lui apparu.

- Que dois-je faire déesse, je suis perdue !

La voix divine et rassurante lui répondit :

- Sois patiente, la jeune homme à la clef, ce sera lui qui saura quoi faire. Ne te tourmente plus, le voilà qui arrive.

Et l'image s'effaça.

Dans un grand fracas, la porte blindé s'ouvrit et une vingtaine de civils déboulèrent dans la salle. Au beau milieu d'eux se trouvaient Menat dans son armure étincelante, majestueuse, et Leny, dont le regard se porta immédiatement sur Meryt. Avec réactivité, la suivante d'Hathor se rua sur ses consœurs tandis que les combattants se ralliaient aux magiciens qui maintenaient le bouclier protégeant la Relique.

Le Prince n'avait pas abandonné sa distraction. Il continuait de frapper un à un tout ceux qui se trouvaient devant lui, semant l'effroi et la panique et faisant reculer le groupe de civils. On avait beau tirer sur lui, ni les flèches ni les lances ne l'atteignaient et il flottait toujours dans les airs, continuant son carnage.

Mais lorsqu'il se rendit compte que ses prisonnières avaient été libérés, il se détourna de son objectif initial.

Déjà, les trois femmes bondissaient, alliant leurs magies pour n'en former qu'une seule. Toutes trois entourées d'un halo presque aveuglant, elles formaient un gigantesque bouclier protégeant tout ceux qui s'étaient maintenant regroupés derrière elles.

Nathael s'était relevé et se tenait à leur côtés.

- Je vous en prie mon prince, souvenez-vous ! Vous nous aviez juré de toujours nous protéger !

Le souverain sembla un instant déstabilisé par ses paroles. Il marqua une pause avant de redescendre et de se poser au sol. Tout le monde retint son souffle. Les cheveux ébènes de l'homme flottaient comme si ils étaient portés par le vent et ses yeux inexplicablement violets brillaient d'un éclat inquiétant.

- Tu viens dans mon palais, tu fais tuer la moitié de mes gardes, tu remontes le peuple contre moi et tu espères que tes douces paroles vont m'apaiser ? Ne serais-tu pas devenu fou ? Je regrette vraiment de t'avoir laissé partir ce jour là. Un simple moment de faiblesse.

Alors qu'il prononçait ces mots, le prince n'avait pas remarqué que Leny s'était faufilé derrière lui pour récupérer l'arc de Neith et ses flèches.

Son cœur manquait de sortir de sa poitrine, son souffle était court. Il ne fallait pas qu'il se fasse entendre. Sinon c'était la mort. Il ignorait où il avait trouvé ce courage, mais il l'avait. Il était arrivé d'un coup, soudain, imprévisible. Un éclair dans le cœur, un feu au creux de l'âme, caché depuis trop longtemps ; cette voix intérieure qui lui disait : "fais-le."

Meryt, qui l'avait aperçu, réalisa soudainement : 

« La prévision des déesses se réalise déjà... Le voilà notre cadeau. Du courage. »


Le jeune homme avait saisit l'arc et, toujours aussi silencieusement, se rapprochait de Satis.

Mais soudain, une voix s'immisça dans son esprit. Et le visage serpentin de la divine Meretseger lui apparu.

« Le prince n'est pas la source du mal, c'est la Relique qui le rend mauvais. Il est impossible de tuer le prince, mais d'éliminer la source de son pouvoir, si.»

Et elle disparu aussi vite qu'elle était apparue.

Réalisant son erreur, il se stoppa un instant. L'instant de trop. Le prince se retourna vers lui. Alors sans hésiter une seule seconde, il lança l'arc à la suivante de Sekhmet et lui hurla :

« Tire sur la Relique ! Vite ! »

Assimilant l'ordre en une milliseconde, la redoutable guerrière banda son arc et tira. La flèche passa à travers l'amas de combattants, de civils et de magiciens pour se planter dans l'alligator de jaspe. La flèche de Neith implosa en milliers de particules lumineuses qui entourèrent la Relique et s'immiscèrent à l'intérieur. La couleur rouge de l'animal de pierre disparu d'un coup, envoyant une onde de choc qui fit perdre à tout le monde l'équilibre.

Le prince eût une grimace de douleur et s'effondra à son tour.

Les guérisseusesWhere stories live. Discover now