Chapitre 12

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Quand Leny reprit conscience, il n'en crut pas ses yeux.

Tout d'abord, la chaleur lui fouetta le visage. Puis vint le ciel bleu, le soleil de plomb.

Il se redressa pour s'apercevoir qu'il se trouvait sur la rive d'un fleuve. Le Nil, d'apparence paisible, était entouré de fourrés de papyrus et de champs. Et après les bandes de verdures se trouvait le désert, aride et inhospitalier.

Et tout cela dégageait une beauté fascinante.

- C'est magnifique, n'est-ce pas ?

Le jeune homme sursauta. Sa contemplation lui en avait fait oublier la présence des guérisseuses.

- Oui, c'est vrai.

- Ça me fait toujours le même effet quand je revoie ces paysages. Même si je les connais et qu'ils me sont familiers.

La suivante de Sekhmet était derrière lui, en compagnie de ses deux autres amies.

- N'oublie pas que désormais, ton nom est Adjib. Le mit-elle en garde.

Il épousseta le sable qui se trouvait sur son pagne et rejoignit les trois femmes.

- Nous allons retrouver des membres d'une de nos famille. Demain, nous partirons pour Thèbes. J'ai quelqu'un à rencontrer. Dit Meryt.

Leny opina du chef et suivit les jeunes femmes.


Au terme de vingts bonnes minutes de marche, ils arrivèrent devant un champ près duquel se trouvait une maison blanche avec une petite fenêtre et une porte en bois.

Essuyant les gouttes de transpiration qui coulaient sur son front, le jeune homme ne demandait qu'a s'asseoir au frais.

La suivante de Meretseger toqua à la porte, et un instant plus tard, on lui ouvrit.

La femme qui se trouvait dans l'embrasure de la porte était vêtue d'une simple robe blanche et, malgré une certaine beauté, portait les marques de la dure vie au champ. Et pourtant, elle sembla rajeunir dès qu'elle aperçu la magicienne.

- Oh mon enfant, entre ! Je t'en prie. Comme je suis heureuse de te voir !

Surgit à côté d'elle un homme à la carrure imposante mais qui lui aussi, portait les mêmes marques de fatigue. Il la salua avec le même enthousiasme.

La femme invita également les trois autres visiteurs à entrer. La magicienne les présenta et tous s'assirent dans l'une de des deux seules pièces de la maison, sur de simples nattes.

- Cela fait longtemps que l'on ne t'as pas vu ! Comment se porte ta mère ?

- Très bien, je te remercie. Et vous deux, comment allez-vous ?

- Les récoltes sont bonnes, cela suffit à notre bonheur.

Discernant la sincérité de ces gens, le jeune homme en fut touché. Il se prit à réfléchir en cet instant à la frivolité du bonheur et surtout, ce qu'il signifiait pour chacun.

Et il admira ces paysans, dont les corps étaient à l'évidence éreintés par leur travail constant mais qui, malgré les répercutions douloureuses de leur labeur, gardaient le sourire.

- Et alors, Adjib, tu es au service de ces jeunes femmes... Tu peux te considérer chanceux !

Ses joues rosirent et il voulut se faire oublier. Constatant sa gêne apparente, la paysanne changea de sujet.

- Avez-vous un endroit pour manger et dormir ce soir ?

- J'habite a Thèbes Ouest... Nous sommes sur la mauvaise rive. Mais si jamais notre accueil vous demande trop de moyens, nous pouvons nous rendre directement à Thèbes Est, chez ma mère. Déclara Meryt.

La femme eu un sourire.

- Il fait bien trop chaud ! Et mon cœur m'interdit de refuser l'hospitalité à un membre de ma famille et à ses compagnons de voyage.

En effet, la morsure du soleil pouvait faire penser qu'on se trouvait entre quatorze et quinze heure de l'après-midi.

- En attendant, prenez donc un peu de bière, ça vous fera du bien.

En trempant ses lèvres dans le breuvage, Leny la trouva délicieuse et se jura de se modérer, ou il risquait de finir complètement saoul.

Les guérisseusesWo Geschichten leben. Entdecke jetzt