Chapitre 1

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Leny avait toujours été un peu seul, c'est vrai. Son frère ? Il ne l'avait jamais revu depuis qu'il était parti à l'université. Sa sœur ? Elle s'était envolée pour un autre pays, afin de démarrer une grande carrière de pianiste. Et ses parents, qui lui avaient légués cette maison aux fins fond de la campagne, dans un petit village, avaient décidés d'aller prendre leur retraite loin d'ici.

Éloigné de ses amis, tous partis vivre en ville, il ne faisait pas grand chose de ses journées.

Toujours un peu morose, il n'était pas un grand voyageur, ni un grand aventurier. Ses ambitions n'étaient pas grandiose ; il travaillait pour le café de son village et recevait un peu d'argent, qui lui suffisait pour vivre.

Mais, bien au chaud dans sa maison de campagne, il ignorait encore que la vie avait décidé pour lui un tout autre programme... 



Ce soir là, Leny avait finit de travailler plus tôt que d'habitude. Il n'avait rien à faire et refusait de rentrer chez lui, par peur de l'ennui profond dans lequel il allait sombrer.

Alors, il se munit de son manteau le plus chaud et enfila des bottes. Cela faisait longtemps qu'il voulait aller marcher dans le bois près du village, cet endroit lui semblait parfaitement adéquat pour une promenade du soir, seul, comme il aimait parfois le faire.

On lui avait souvent parlé de cette forêt dans laquelle se trouvait une cabane sombre, étrange et inquiétante, habitée par une vieille femme malfaisante que les vieillards qualifiaient de sorcière...Mais Leny ne croyait pas à ces légendes sordides, destinées à effrayer les enfants et pour lesquelles il n'éprouvait aucun intérêt.

De la buée s'échappait de ses lèvres, tandis qu'il s'enfonçait davantage dans son manteau. Marchant à son rythme, il contemplait la brume qui commençait à se frayer un chemin entre les arbres et la nuit qui n'allait pas tarder à tomber. Il sentait le froid lui titiller les joues, les extrémités de ses doigts qui refroidissaient. Le crissement des feuilles sur le sol trahissait sa présence.

"Finalement,je ne vois pas ce qu'il y a d'étrange dans cette forêt..."Murmura-t-il pour lui-même.

Et ce fut à cet instant même que le hasard fit un coup de maître.


Une lumière orangée entra d'un coup dans son champ de vision. Curieux, il décida de se rapprocher, pour constater que c'était une lanterne. Mais à peine détourna-t-il le regard qu'il l'aperçut.

La demeure était en bois et avait un étage, elle était entourée de plantes et à sa porte se trouvait un carillon qui tintait doucement. Encore plus intrigué, il se rapprocha.

Il se dirigea vers une des fenêtres et tenta de voir si quelqu'un se trouvait là, mais il ne vit personne. Une petite voix dans sa tête l'incitait à entrer et lui disait qu'il ne craignait rien.

Il sonna à la cloche.

Personne ne lui répondit.

Il s'apprêta à rebrousser chemin, mais cette voix dans sa tête continuait de l'inciter à entrer. Il marqua un temps de pause pour réfléchir avant de se dire qu'au fond, il ne pouvait rien lui arriver.

Alors,il franchit le pas de la porte, qui n'était même pas fermée.

Il arriva dans un petit salon, embaumé de la douce odeur du feu de bois. Dans cette pièce principale, une table basse, un canapé et un fauteuil sous lesquels se trouvait un grand tapis.

Au dessus de la cheminée, dont le feu orangé éclairait la salle, étaient disposées trois petites statuettes. La première représentait une femme à tête de serpent, la seconde, au visage ravissant, portait un disque rouge entouré de deux cornes noires et enfin, une dernière arpentait une tête de lionne.

- Il y a quelqu'un ? Demanda Leny.

Pas de réponse.

Il se décida à passer dans la pièce d'à côté, espérant y trouver quelqu'un.

Lorsqu'il ouvrit la porte, il sentit une bouffée de senteurs délicieuses lui arriver aux narines. C'était une grande cuisine, très agréable,avec un grand plan de travail, des plaques de cuisson, un four, un réfrigérateur et de multiples étagères sur lesquelles se trouvaient de nombreux bocaux en verre renfermant des plantes aromatiques et des épices.

Une table en bois se trouvait juste à côté, avec une grande quantités de plantes et de fleurs disposées à plat dessus.


Leny ressortit de la pièce en se reprenant. Il ne devait pas aller plus loin et rentrer chez lui. Qu'était-il venu faire là ? Si la propriétaire le voyait, il allait passer un sale quart d'heure.

Il appela de nouveau, en criant plus fort cette fois, mais il n'obtient aucune réponse. Alors il se décida à sortir.

Mais quand il voulut ouvrir la porte, cela lui fut impossible.

Il insista plusieurs fois, tirant de toute ses forces, rien n'y faisait.Elle refusait de s'ouvrir. Il voulut essayer les fenêtres, mais ce fut exactement la même chose.

D'un coup, il se sentit prit d'une fatigue inexpliquée. Engourdi, il ne put s'empêcher de s'asseoir sur le sofa.

La chaleur du feu de cheminée l'entoura et les flammes hypnotisantes achevèrent de le convaincre de rester assis. Ses paupières étaient de plus en plus lourdes.

Il eut un dernier regard sur les trois statuettes avant de fermer totalement les yeux et de plonger dans un sommeil profond.




Les guérisseusesDonde viven las historias. Descúbrelo ahora