Les guérisseuses

Chapitre 2

Leny se réveilla en sursaut, réalisant qu'il s'était endormi. Il regarda tout autour de lui, complétement déboussolé.

Prit de panique, il voulut s'enfuir. Mais à l'instant où il tenta de franchir le pas de la porte, une voix l'interpella.

- Hep hep hep monsieur, où allez-vous comme ça ?

Il se retourna pour voir qui lui parlait ainsi. Et il fut étonné.

C'était une femme, plutôt jeune, à la chevelure brun foncé, longue et ondulée avec une frange. Elle portait une combinaison blanche moulante avec un décolleté plongeant qui s'arrêtait un peu au dessus du nombril. Des bracelets d'or fins ornaient son poignet droit et ses iris étaient d'une subtile teinte marron-vert des plus charmantes.

Elle dégageait l'énergie d'une femme forte, déterminée et engagée. On sentait en elle une lionne, aux colères terrifiantes mais aussi dotée d'une certaine bienveillance.

Voyant qu'il ne lui répondait pas, la jeune femme insista.

- Qui es-tu ?

- Leny.

- Que viens-tu faire ici ? Comment es-tu rentré ?

- J'ai toqué, mais personne ne m'a répondu. La porte était ouverte. J'ai supposé qu'il y avait quelqu'un, alors je suis rentré.

Elle le toisa de son regard, qu'il ne put soutenir.

- Je suis désolé, je voulais partir mais la porte était bloquée.

- Elle l'es toujours, pour piéger les intrus.

- Je... je vais partir alors. Je suis  vraiment désolé.

- Non.

Il eut l'impression de recevoir un coup de poing dans le ventre.

- Comment ?

- Tu as très bien entendu. Tu n'as pas intérêt à bouger, je reviens de suite.

Il resta debout, sans oser désobéir aux ordres.

Bientôt la jeune femme revint accompagnée.

C'était une autre femme, aussi jeune, aux yeux semblables à sa compagne. Ses lèvres étaient teintées d'un rouge très léger et ses cheveux, eux aussi bruns foncés, étaient cependant plus courts. Sa robe moulante blanche avait un bustier formé de deux ailes stylisées dorées recouvrants sa poitrine. Elle avait aux deux bras un bracelet d'or ainsi qu'un autre à chaque poignets. D'une grande beauté, presque sensuelle, on sentait aussi que cette femme séduisante était capable d'une grande douceur.

- Alors c'est lui ? Demanda-t-elle en le fixant de son doux regard.

- C'est ça.

- C'est étonnant qu'il ai réussi à rentrer... Pourtant Meryt avait bien protégé la maison ?

- Oui, bien sûr. D'ailleurs la voilà.

Le jeune homme tourna la tête pour regarder la dernière arrivante. À sa vue, il se sentit comme frappé. Il ne savait ni pourquoi ni comment, mais il ne parvenait à détacher son regard.

Ses yeux verts clairs, presque jaunes étaient entourés de khôl, à la manière des égyptiens de l'Antiquité. Ses lèvres étaient délicates, sans aucun artifice. Un bandeau rouge entourait ses cheveux noirs ébène, longs et lisses, avec une frange. Elle portait un collier à plusieurs rangs avec des pierres précieuses ainsi que des bracelets colorés aux poignets et aux bras. Sa robe était faite de lin, légèrement transparente  et elle était pied-nu.

Elle avait une aura spéciale, que Leny ne parvenait pas à décrire. Son maintien, si naturel, son visage lumineux, son léger sourire...

"Alors ce sont donc elles, les propriétaires ?" Se dit-il en regardant les trois femmes qui se trouvaient devant lui et qui étaient bien loin d'être vieilles, laides et malfaisantes.

Il aurait bien ri de la situation si la première femme ne le fixait pas de son regard brûlant.

- Nous devrions peut-être nous présenter à ce jeune homme, n'est-ce pas ? Demanda la dernière arrivante.

La première femme eut un soupir avant de prendre la parole.

- Mon nom est Satis. Je suis une suivante de Sekhmet, la Puissante, déesse guerrière redoutable à tête de lionne, qui peut amener la maladie comme la conjurer.

La deuxième femme se présenta à son tour.

- Je m'appelle Menat, suivante d'Hathor, déesse de l'amour, de la musique, de la fête et de la joie et épouse d'Horus, dieu protecteur des pharaons.

Puis vint la dernière, celle qui l'intriguait le plus.

- Je suis Meryt, suivante de Meretseger, déesse du silence à tête de cobra et protectrice des tombes, fille de Maât, déesse de l'Ordre et de l'Équilibre cosmique, universel et social, de la Justice et de la Vérité.