Les guérisseuses

Chapitre 13

Après de longues discussions enrichissantes et un modeste repas qui restait délicieux, Menat proposa d'aller regarder les étoiles.

Étonnement, Leny sentit cette fois-ci le brusque changement de température. En effet, en Égypte, les nuits étaient plutôt fraîches. Voyant qu'il tremblotait sous son simple pagne, Satis lui proposa de se revêtir d'une étoffe de lin. Un peu plus réchauffé, il put enfin lever les yeux vers le ciel... et découvrir la magnificence du ciel étoilé.

Des milliers de petites lumières, comme des diamants habillant le cosmos. Et au beau milieu de cette immensité, on distinguait la voie lactée.

Époustouflé par ce spectacle, le jeune homme était bouche-bée.

Il n'avait jamais vraiment regardé les étoiles... Et il le regrettait amèrement.

Cette nuit scintillante, vision éphémère de l'éternité, valait tout les plus beaux spectacles du monde.

Tellement absorbé par ce qui s'offrait à ses yeux, il en oublia tout...et ne remarqua pas que la suivante d'Hathor s'était munie d'une harpe.

Quand les premières notes s'élevèrent vers les cieux, Leny profita pour la première fois depuis deux longues années d'un moment suspendu dans le temps, d'un instant de bonheur, d'un petit bout de sérénité.

Après que la musicienne eu achevé son morceau, le couple de paysans leur installa des nattes dans la pièce principale sur lesquels ils s'installèrent.

Sans attendre une seule seconde, il s'endormit.

Le lendemain, à son réveil, le jeune homme sentit l'angoisse lui serrer la gorge. Violemment, il reprit conscience du fait qu'il était loin de chez lui, dans un endroit inconnu et dont il ne pouvait s'échapper. Et il recommença à paniquer.

La magicienne entendit le bruit accéléré de sa respiration et ouvrit les yeux. Voyant qu'il essayait tant bien que mal de se maîtriser, elle accouru pour lui porter de l'aide, tout en voyant au passage que les deux paysans, Menat et Satis étaient en train de cuisiner dans la pièce d'à côté et n'avaient rien entendu.

- Leny ? Leny, calme-toi, tout va bien.

Elle prit les mains du jeune homme dans les siennes.

- Respire, tu es en sécurité, tout va bien.

Elle plongea ses beaux yeux verts-jaunes dans ceux de Leny, ce qui le calma un peu, tout en faisant apparaître un flacon de menthe qu'elle lui fit respirer. Sentant la chaleur d'une personne qui lui était familière près de lui, il se calma un peu. La solution de menthe fit le reste.

La suivante de Meretseger était loin d'être stupide et avait bien remarqué que derrière sa peur se cachait quelque chose de bien plus gros que cela. Mais quoi ? Elle ne lui soutirerait pas d'informations, tel étaient ses principes. Lui seul lui parlerait, lorsque l'envie lui viendrait. En attendant, elle ne pouvait qu'être présente pour calmer ses crises passagères.

La troupe remercia chaleureusement les paysans pour leur accueil et prirent la direction de la ville de Thèbes, sous la tutelle de Meryt, qui ne révélait toujours pas l'endroit où elle voulait se rendre.

Le jeune homme voulut lui soutirer l'information mais échoua lamentablement, la magicienne restait de marbre et continuait de marcher.

La petite troupe arriva bientôt à l'entrée de Thèbes, la ville au cents portes. A cette heure-ci, les rues étaient noires de monde. Ça et là on pouvait voir deux amis discuter, un homme négocier avec une marchande, de jeunes enfants se courir après en riant aux éclats...

Cette animation permit a la bande de passer totalement inaperçue.

Leny ne pouvait s'empêcher d'être attiré par la foule, étonnement hétérogène. Il n'arrivait pas à placer des mots sur ce qu'il ressentait. Ces gens avaient vécus des milliers d'années avant lui... et il se trouvait en cet instant à côté d'eux.

Un sentiment de joie remplissait l'atmosphère, et quand il croisa le regard d'un bambin qui lui offrit son plus beau sourire, il ne put que se sentir heureux.