Chapitre 18

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Le palais était immense. Et le charisme de son propriétaire tout autant. Il dégageait une impression de calme immense, son aura mystique ne faisait qu'accentuer son mystère. Gardien des morts et de leur tombeau, il était l'exécuteur de la pesée de l'âme, le moment solennel où serait décidé le sort du défunt : la vie éternelle ou la mort définitive.

Le guide des âmes à tête de chacal les avait accueillit et s'était immédiatement mis à son travail. On ne pouvait malheureusement rien faire à présent pour la victime. C'en était terminé.

En attendant de connaître les résultats, Meryt avait accompagné Leny dans les jardins de la luxueuse demeure du dieu embaumeur. Malgré l'aspect et la besogne quelque peu morbide du dieu, les jardins de son palais étaient d'une beauté époustouflante.

Et là, au creux de cet écrin de verdure, la magicienne sentit qu'était venu le temps des confidences.

Et son instinct ne la trompa pas.

- Tu sais, cette peur de l'inconnu, je ne l'ai pas depuis ma naissance. Dit Leny, alors qu'ils s'étaient assit sur un banc pour profiter de la douceur du jardin. Elle me vient d'un évènement traumatisant. Après que ça soit arrivé, je n'en ai plus jamais parlé à qui que ce soit. Surtout que si je le faisais, j'allais faire une énorme crise d'angoisse. Mais ici, c'est différent. J'ai l'impression de ne pas ressentir autant la peine et la douleur. Je suis étrangement calme.

Elle arbora un sourire rassurant.

- Je t'écouterai sans te juger. Et cela nous permettra peut être de trouver des solutions pour calmer tes crises au quotidien.

Le jeune homme sentait déjà un poids s'ôter de la poitrine.

Diminuer ces crises d'angoisses lui changerait complètement l'existence. Il comprit alors pourquoi les déesses avaient mentionnées de grands changements. Peut-être allait-il enfin apercevoir le bout du tunnel ?

- J'avais une copine avant. Elle et moi nous entendions formidablement bien. Je pensais avoir trouvé la bonne personne. Elle était douce, gentille avec un brin de caractère. Mais je l'aimais beaucoup. Il y a deux ans, pendant l'été, on était partis en vacances à la montagne, pour faire des randonnées. Elle aimait beaucoup ça.

Il s'arrêta quelques secondes, sentant sa gorge se nouer.

- Ce jour là, il ne faisait pas très beau. Il avait plu, mais elle avait quand même tenu à faire la randonnée qui était prévue. Alors on l'a faite. A ce moment là, on était au bord d'un ravin. Elle était devant moi. Elle a glissé. Une chute de plus de 100 mètres.

Sa vision devint trouble, des larmes dévalèrent ses joues.

- J'ai appelé les secours, ils l'ont amenés à l'hôpital. Trauma crânien. Elle est morte sous mes yeux. Et je n'ai rien pu faire.

Il s'effondra.

Avec beaucoup de douceur, Meryt le prit contre elle. Cette présence, si rassurante, l'apaisa un peu. Mais la douleur, même si elle était diminuée, restait présente et lui comprimait la poitrine.

- Il ne faut pas que tu te sentes coupable Leny. C'était un accident, tu n'y es pour rien.

Elle sécha ses larmes du mieux qu'elle put. Le jeune homme reprit son récit.

- Après sa mort, je suis resté enfermé chez moi et j'ai totalement refusé de sortir. Et c'est à force de rester enfermé et de ressasser sans cesse les mêmes souvenirs que j'ai développé cette peur. J'ai fermement refusé de voir un psychologue ou un psychiatre. Quand il a fallut retourner au lycée, j'avais énormément de mal à utiliser la route habituelle. Parce que ça me rappelait notre première rencontre et que c'était terriblement douloureux. Depuis, j'ai toujours un gros blocage qui m'empêche de m'éloigner de chez moi et qui me donne des crises d'angoisses à chaque fois que je pars dans des lieux inconnus.

Secouée par ces révélations, la magicienne tenta du mieux qu'elle put de l'apaiser. Puis, après avoir réussi à le calmer, elle prit la parole.

- Je comprend ta douleur. Perdre subitement un être qui nous est cher est une douleur atroce. Nous serons là pour t'aider à la surmonter. Car c'est de notre ressort et je sais que tu vas y arriver. Tu en es capable.

Leny remercia la suivante de Meretseger.

Enfin, la magicienne avait compris ce qu'il renfermait. Et elle saurait comment l'aider.



- La victime est décédée des suites d'un coup de poignard, une arme magique. Cela est arrivé très peu de temps avant la découverte du corps.

La divinité, à la voix douce et grave, rabattit avec délicatesse le linceul sur le corps de la jeune femme.

- Je m'occuperai de procéder à son embaumement. Mes serviteurs ramèneront le corps au mari. Nous ne sommes pas en mesure d'effectuer une seconde résurrection, j'en suis profondément navré. Mais par contre, je peux vous aider pour autre chose.

- La position du tueur ? Demanda Menat.

- Exact. Suivez-moi, je vais vous l'indiquer.


Les guérisseusesOnde as histórias ganham vida. Descobre agora