Le Couloir de la Mort

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_octobre 1849_

- Je vous aime, dame Morgane.

Elle leva les yeux vers lui. Son regard, la jeune femme comprenais maintenant. Ce qu'elle n'arrivait pas à nommer, c'était la tristesse. C'était pour cette raison qu'il l'avait abordée, il ne s'était pas trompé. Hypolite le savait lui aussi. Ils avaient un point commun. Ils avaient tous les trois côtoyé la mort de si près, qu'elle avait laissé en eux une marque qui ne les quittera jamais. 

- Vous ne pouvez pas, murmura-t-elle avec difficulté, je porte malheur, je ne supporterais pas de perdre encore quelqu'un. 

Desaigu se dégagea des bras de monsieur Bauvey. Elle n'osa plus le regarder dans les yeux. 

- Je suis désolée.

Sans plus attendre, Morgane s'enfuit, disparaissant dans les ténèbres. Elle ne méritait pas ses sentiments. Alors qu'elle progressait depuis un moment dans ce couloir, résolument mal éclairé par les quelques faibles chandelles qui l'ornait, la jeune femme perçu un timbre de voix. Elle s'arrêta et revint quelques pas en arrière. Desaigu était assez curieuse de découvrir de quoi pouvait bien discuter quelqu'un à une heure pareille, dans un coin si isolé des festivités. Il y avait deux personnes derrière cette porte. Elle s'en rendit compte lorsque qu'elle colla son oreille sur le trou de la serrure. Ils devaient être agités. Leurs échanges étaient si brusques que les deux hommes s'interrompaient mutuellement.  

- Votre frère disparaît, vous ne croyez pas que c'est dû au hasard tout de même ! comprit-elle.

Ils ne chuchotaient pas. Les inconnus devaient penser que personne ne passerait dans ce couloir pendant le bal, mais ils n'haussaient pas la voix pour autant. Morgane devait donc se concentrer pour saisir des bribes de conversations. D'autant plus que les bruits en provenance de la salle de bal ne rendaient pas la tâche plus aisée. 

- Quelqu'un veut se venger !

-  Mais de quoi ?

- Mon ami, ne jouez pas à ça avec moi. 

La jeune femme n'entendit pas sa réponse. Petit à petit, elle commença à identifier les voix. L'un des deux devait avoir entre  cinquante et soixante ans, elle décida de le nommer l'Invité. L'autre avait une voix plus grave, il devait s'agir de Charles. Non pas que la jeune femme eut reconnut sa voix, simplement que l'indice du frère disparu l'avait mise sur cette piste. Il s'en serait rendu compte, pensa-t-elle. Bien sûr, comment le contraire aurait été possible ? Elle continua de tendre l'oreille.

- Comment savoir ?

- J'ai une petite idée, laissez-moi une heure et je vous dirais qui se joue de nous. 

Surprise, Morgane se leva précipitamment. Des pas se dirigeaient vers la porte. L'un des hommes fit une remarque mais elle ne la compris pas, trop occupée à trouver une solution. Où pouvait-elle bien se cacher ? Son regard parcouru les environs mais aucune solution miracle ne lui apparu. Elle maudit la pénombre du couloir. La panique commença à l'envahir et elle décida de s'éloigner sur la pointe des pieds. La pénombre. C'était ce qui allait la sauver. L'Invité ouvrit la porte et pénétra avec une certaine lenteur dans le couloir. Elle coupa sa respiration. Tous ses membres tremblaient à l'idée qu'il la vit. Malgré tout, elle ne s'arrêta pas. La jeune femme progressa lentement dans la direction qu'elle n'avait pas encore visité. La direction opposée étant celle où se trouvait Viktor. L'homme referma la porte. Étonnamment, il ne bougea pas, seul sa respiration trahissait sa présence. Morgane s'avança. Son pieds vint se poser sur une planche qui grinça assez fort pour que l'Invité l'entende. Ce dernier se mit à marcher vers elle. La jeune femme hésita quelques instants puis se mit à courir aussitôt. Elle entendait, derrière elle, les pas précipité de son poursuivant. Il savait. Peut-être même depuis le début. Desaigu commença à s'inquiéter. Sa robe l'empêchait de courir aussi vite qu'elle l'aurait espéré et cela lui rappela un mauvais souvenir. Dans son malheur,  elle avait un peu de chance, l'Invité n'était manifestement pas sportif. C'était sans compter sur le destin. Car la jeune femme chuta. 

- Non, s'écria-t-elle.

Morgane rampa et tenta désespérément de se relever. L'homme la retourna, dos contre le plancher, dans un geste violent. Elle découvrit le visage de son assaillant.

- Lancaster ? 

- Alors comme ça, vous écoutez aux portes. 

- Non...Je, balbutia-t-elle, je marchais lorsque quelqu'un s'est mis à me poursuivre et...

- Mensonges ! Je sais la vérité, et vous aussi. Nous allons appeler les autorités pour vous emmenez en prison maintenant. 

- Je n'ai rien fait, plaida-t-elle.

- Si vous avez quelque chose à dire, ce sera devant le tribunal car je ne croirais pas un traitre mot de ce que vous dites. 

- Si un jour je devais être jugée et condamnée, je vous entraînerai dans ma chute. Je tombe, vous tombez avec moi. 

- Vous êtes vraiment une sale gamine. Vous savez quoi, on va régler ça à l'amiable. Comme au bon vieux temps.

Il serra ses mains autour du cou de Morgane. Avant même d'avoir réalisé ce qu'il se passait, elle se retrouva privée d'air. Lancaster souriait.

- Tu vas mourrir, comme tu aurais du l'être depuis longtemps. 

Elle suffoquait. Desaigu essaya de le repousser, mais il était plus fort qu'elle et avait l'avantage. La jeune femme ne pouvait pas perdre la vie, pas maintenant, pas ainsi. Trop tard, pensa-t-elle. C'était juste trop tard pour regretter. Petit à petit, sa force diminua. Et ses yeux devinrent flous. 


Vengeances MacabresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant