Prologue:

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Emma

- Stop, ce garçon ne t'attire que des ennuis, regarde ce que tu es devenue Emma merde ! me hurle ma mère d'une voix brisée.

- Tu ne comprends rien, il est la meilleure chose qui me soit arrivée dans ma vie! Il a su enfin donner un sens à ma vie maman, essaie de comprendre!

Ma mère me gifle violemment, à bout, incapable d'en entendre davantage. Elle n'arrive pas à se faire à cette idée, à cette idée ce garçon puisse me rendre heureuse.

- Tu te fous de moi ?! Regarde moi ça!cheveux noirs, piercing, style de gothique et même un putain de tatouage sur ton bras! Tu te crois dans une famille de rockeur ou quoi ? J'ai honte de ce que tu es devenue, déglutit-elle avec un regard de dégoût.

Je la regarde droit dans les yeux avec une énorme rage, la mâchoire contractée et les poings serrés. Je suis prête à lui sauter dessus, mais mon père me retient par les épaules. Ma mère se tourne et s'appuie, épuisée, sur le rebord du plan de travail de la cuisine.

- Quoi qu'il en soit, c'est terminé entre vous deux. Nous déménageons loin d'ici dans très peu de temps.

Mes parents ne peuvent plus supporter mon comportement et mes agissements. D'un côté je les comprends. Moi-même je sais que j'ai changé. Mais ils ne peuvent pas me faire ça. Qu'est-ce que je vais devenir si je suis séparée de lui ? Je n'ose même pas l'imaginer.

Je sors de la maison en panique. Je cours à toute vitesse à travers la ville en larmes jusque chez Louis, mes bottes claquant contre le bitume trempé par la pluie. Il est vingt-et-une heure passée mais je m'en fiche.

C'est quand même de sa faute si je m'en vais. C'est quand même avec lui que j'ai fugué. C'est avec lui que j'ai décoré les murs de la ville avec des tags illégalement, c'est pour lui que j'ai changé, c'est pour lui que je me suis battue, c'est pour lui que j'ai tourné le dos à mes amies, c'est pour lui que j'ai fait tout ça. La plupart des choses que j'ai faites pour la première fois, c'était avec lui. Moi qui étais calme et gentille avec tout le monde. J'étais droite et ne faisais que me concentrer sur mes études. Je suis devenue froide, méchante, arrogante et sombre. Tout ça à cause de ce putain de mec qui a débarqué dans ma vie à l'entrée du lycée. Ça c'est la rencontre basique: une fille timide et coincée et un bad boy qui se rencontrent, ça ne donne jamais de bons résultats.

Notre histoire d'amour est un putain de cliché, mais malheureusement il n'y aura pas d'Happy End.

Nous avions joué à un jeu: «tombe amoureux de moi si tu peux» Le premier qui tombait amoureux a perdu. Sachant que je n'avais jamais eu de petit-ami, il voulait être le premier. J'ai eu l'absurdité de jouer. Je me suis brûlée avec le feu, et j'ai perdu.

J'arrive devant chez lui. Je toque contre la porte en bois bien endommagée par le temps. Quelques secondes plus tard, il ouvre.

- Salut chérie, tu veux quoi aujourd'hui ?

- Je vais déménager, je lâche les larmes roulant sur mes joues.

- Entre.

Il s'efface et me laisse entrer. Des canettes de bières vides gisent le sol. La télévision est allumée et un paquet de chips à moitié entamé est posé sur la table basse. Il est un peu saoul et pue la cigarette.

Je m'assis sur son canapé, chamboulée par la nouvelle apprise plus tôt. Il éteint la télévision et me rejoint. Il passe un de ses bras autour de mon épaule et me prend le visage de son autre main.

- Pleure pas chérie, on se verra quand même. Elle ne nous séparera pas, d'accord ? me dit-il avant d'écraser ses lèvres contre les mains pour y déposer un baiser langoureux.

Je m'allonge puis il vient se mettre sur moi. Il descend ses baisers dans mon cou et tente de déboutonner mon pantalon. Je le stoppe de suite.

- Je ne veux pas faire ça.

- Pourquoi chérie?

- Je ne suis pas prête, j'avoue d'une voix tremblante.

- Je croyais que tu m'aimais, me jette-il énervé en se redressant.

- Mais si je t'aime, lui dis-je d'une voix rassurante en attrapant son bras pour le retenir.

Il se retourne brusquement puis m'embrasse en y mettant toute sa haine. Son baiser en est presque violent. Qu'est-ce qui lui arrive ?

Il me couche brutalement sur le canapé puis tente d'enlever mes vêtements de force. Je refuse en me débattant. Il réussit à déchirer légèrement le bas de mon t-shirt et je finis par le pousser. J'hurle et le gifle de toutes mes forces avant de courir loin d'ici. Je ne l'ai jamais vu ainsi. Dans ses yeux ténébreux j'y ai trouvé de la haine, et maintenant il me fait peur. Qui est-il finalement ? Est-ce que je le connais vraiment ? Quelques secondes après le contact entre ma main et sa joue maintenant rouge, il me prend par le col et me jette violemment au sol avant de me donner des coups de pied dans le ventre puis me dégage de chez lui.

- Plus jamais je veux te revoir sale conne, pars et ne reviens jamais! Tu crois que je te parle pour quoi depuis le début ? Je voulais juste ramener ton joli petit cul dans mon lit, maintenant dégage ! hurle-t-il avant de claquer la porte derrière lui.

Je me relève et cours à nouveau dans la rue abandonnée par les passants à cette heure-ci, sans savoir où me réfugier. Il était devenu mon seul refuge, mais aujourd'hui il m'a laissé. Je ne sais plus où aller, je ne veux pas retourner chez mes parents. Maintenant qu'il m'a lui aussi tourné le dos, je suis seule. Il pleut des cordes dehors. Je suis complètement trempée et mon maquillage a coulé. Mes larmes coulent à flot et mon t-shirt est à moitié déchiré, laissant apparaître la chair de mon ventre. Je trébuche dans une flaque d'eau et m'évanouit. Je suis seule, j'ai juste envie de disparaître.

Mes parents m'ont retrouvée allongée sur le sol, inconsciente, dans la rue. Ils m'ont ramenée à la maison et à mon réveil j'ai passé un sale quart d'heure. Trois jours plus tard, nous avons déménagé. Maintenant tout ce qui me reste de lui est ce tatouage "Him". Avant de graver ces 3 lettres sur mon bras il y a quelques semaines en Espagne, il m'avait dit :

" Si toi et moi sommes liés par l'amour au moment ou tu regarderas ce tatouage, tu penseras à moi et tu retomberas amoureuse de moi, à chaque fois. En revanche, si nous sommes liés par la haine au moment ou tu le regardes, tu seras forcément en train de souffrir. C'est comme un couteau à double tranchant. Fais attention. "

C'est la seule chose qui me reste de lui. Ce foutu tatouage est gravé à l'encre indélébile sur mon bras. Il me l'avait dit " si nous sommes liés par la haine au moment où tu le regardes, tu seras forcément en train de souffrir ". Il avait raison, je souffre. J'ai voulu jouer à son jeu stupide, j'ai perdu. J'ai perdu la partie depuis le début. Je me rends compte que j'étais finalement la seule à jouer. Voilà comment s'est tragiquement terminée ma première histoire d'amour totalement cliché en ce fin de mois d'Août.

SecretWhere stories live. Discover now