9. C'est de ta faute

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Emma

Nous restons tous abasourdis par la fuite soudaine d'Andrew.

Aucun de nous n'arrive à prononcer un seul mot, nous sommes tous là, assis, silencieux, incapable de comprendre la scène qui vient de se produire. Visiblement personne ne l'a encore jamais vu dans cet état.

- J'arrive, je vais aux toilettes.

Je recule ma chaise et me lève mais pousse presque un cri silencieux de douleur : je me suis levée trop vite, mon dos me fait atrocement mal.

Je me tiens le dos et m'appuis sur la table, pleurant presque en me mordant l'intérieur de la joue. Les autres me regardent en se demandant ce que j'ai. Ethan se lève et vient vers moi, visiblement inquiet.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Ca me lance dans le dos. Je pense que je vais rentrer.

- Je vais t'aider.

Ethan me sert d'appuie. Je fais un signe tremblant de la main aux autres et pars avec Ethan. Sur tout le long de la route, je prends de grandes inspirations pour essayer de ne pas craquer.

J'ai un mal de chien pas possible. Ethan essaye de me calmer, mais en vain. Nous arrivons devant chez moi. J'arrive à sortir les clés de la poche de mon bombers et ouvre. Ethan m'aide à m'asseoir sur le canapé du salon.

- Tu n'as besoin de rien ? Tu ne veux pas que je reste ? Me demande t-il inquiet.

- Non merci, tu peux y aller.

- J'y vais alors.

Il s'apprête à partir mais je l'appelle.

- Ethan ?

- Oui ?

- Merci beaucoup, lui dis-je en essayant de sourire pour lui montrer ma gratitude.

- Y'a pas de quoi. A lundi. J'espère que ça ira mieux d'ici là.

Il me sourit une dernière fois, puis part en fermant soigneusement la porte derrière lui. Je ne peux plus me retenir, la douleur est intense.

Des larmes dévalent de mes joues, inondant mon visage. J'essaie de prendre de grandes inspirations entre deux sanglots pour me calmer.

Une fois calmée, je me lève le plus doucement possible, poussant des gémissements de douleur au passage, puis monte les escaliers, un à un, très lentement. Je vais me laver, ce qui me prend une bonne demi-heure puisque je ne peux faire presque aucun mouvements. Au passage je prends des médicaments pour la douleur, mais cette dernière étant vraiment intense j'en prends plusieurs. Je pénètre ensuite dans ma chambre, fermant la porte derrière moi, enlève délicatement mes vêtements puis me met en pyjama.

Ça me fait chier de l'avouer, mais je dois appeler quelqu'un pour m'aider à bouger.

J'ai affreusement mal et j'ai atteint ma limite. J'ai peur. Mais bien sûr j'ai cassé mon téléphone et je n'ai pas la force de me déplacer dans la rue. A qui demander de l'aide ? Une seule personne me vient de suite à l'esprit. Andrew. Comment lui envoyer un genre de « SOS » ? Heureusement pour moi j'ai une idée. J'utilise mes dernières forces pour ouvrir la fenêtre de mon balcon puis m'allonge dans mon lit sur le coté droit en attendant.

C'est la position qui me soulage le plus mais la douleur m'emporte. 

Je suis fatiguée, j'ai envie de dormir. Je pense que j'ai pris trop de médicaments. Mes larmes roulent sur mes joues mais je ne les essuie pas, je n'en ai pas la force. Plus le temps passe, plus mes espoirs qu'il arrive sont réduits à néants. Pourquoi viendrait-il ? Il avait l'air bouleversé tout à l'heure. Je sais qu'il est mal mais j'espère tout de même qu'il viendra.

Quelle égoïste je fais. Pourquoi est-ce à lui que j'essaie de demander de l'aide? Je ne sais pas quelle heure il est mais je m'en fiche.

Le vent se lève, les minutes passent. Mes yeux commencent à se fermer doucement. J'essaye de rester éveillée mais c'est impossible. J'aurais pas dû  prendre autant de médocs.

Je me réveille brusquement, quelqu'un me secoue. J'ouvre vite les yeux, apeurée, mais encore un peu dans les vapes. C'est Andrew. Il a les yeux grands ouverts, presque paniqué. Je hurle parce qu'il me fait affreusement mal. Il arrête de suite.

- Qu'est-ce que t'as ? Ça fait 5 minutes que j'essaye de te réveiller !

- C'est de ta faute ! Lui dis-je, la voix pleine de sanglots.

- Pardon ? Me demande-t-il confus, haussant un sourcil avec une pointe d'arrogance dans ses yeux malgré la situation.

- Si tu ne t'étais pas introduit chez moi pour reprendre ton blouson et que tu ne m'aurais pas jeté au sol, je n'aurais pas mal au dos au point de ne plus pouvoir bouger imbécile ! Je lui dit, hurlant presque. J'ai dû prendre pleins de médocs pour la douleur et ils m'ont assommé !

Il me regarde longuement, droit dans les yeux. Il ouvre la bouche, prêt à parler, puis la referme. Il se mort l'intérieur de la joue, la tête baissée. Une phrase que je n'arrive pas à entendre sort de sa bouche.

- Tu as dit quoi ? Je lui demande, tendant l'oreille.

- ...

- Hého je te parle ! Je lui fais remarquer en criant.

- Je suis désolé, ça te va ? Finit-il par dire en élevant la voix.

Je n'arriverai jamais à m'habituer à son comportement aussi franc et arrogant quand il est seul avec moi.

Ses excuses sont sincères, il a visiblement du mal à mettre sa fierté de côté, avec moi du moins. 

- Maintenant que tu es là, pour te faire pardonner, tu vas m'aider.

- A quoi ?

- Disons que je peux à peine me déplacer seule et j'ai envie d'aller aux toilettes et j'ai faim.

- Je ne vais pas devoir rester avec toi à l'intérieur des toilettes au moins ? Me demande-t-il sérieusement.

- T'es con ou quoi ? Bien sûr que non !

- Encore heureux, déjà que l'idée de te toucher me dégoûte, me dit-il d'un air ironique.

- Va te faire foutre Andrew !

- D'accord.

Il me regarde calmement de son regard arrogant accompagné d'un sourire en coin moqueur, presque imperceptible. Puis il tourne les talons, s'avançant vers le balcon.

- Tu vas ou ?!

- Je vais me faire foutre.

Il me jette un dernier regard puis monte sur le balcon. Il est prêt à sauter quand je l'interpelle.

- Attends !

- Attends quoi ?

- Tu vas pas me laisser comme ça quand même ? Je lui demande, offensée.

- Si je le fais, que feras-tu ? Me demande-t-il, le regard interrogatif et sérieux.

- Je n'en sais rien.

- Et si je ne te laisse pas ?

- Je t'en serai redevable.

- C'est tout ?

- Si tu veux m'aider juste pour avoir quelque chose en retour ce n'est pas la peine que tu restes ici.

- Je reste, mais c'est juste parce que tu me fais franchement pitié, conclut-il d'une voix tranchante et confiante.

Connard.

Modifié le 26 juillet 2017.

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