05

3.9K 467 229
                                    


La maison de Sacha était située à quelques rues seulement de la mienne, dans un quartier aisé. Il n'y avait pas de doute : les parents de ma nouvelle amie se trouvaient suffisamment fortunés pour se payer une maison à l'allure victorienne, comportant trois étages et deux garages. J'avais un peu de difficulté à croire que Sacha avait grandi dans un milieu comme celui-ci. Il fallait dire que mon opinion était uniquement basé sur l'idée stéréotypée que j'avais d'une gosse de riche. Il était difficile d'imaginer que Sacha Macleod, l'enfant rebelle, venait d'une famille aussi fortunée. Je me suis juré de ne pas lui faire la remarque, sous peur de me faire gifler.

Ma mère a garé l'automobile devant l'allée, impressionnée par la maison qui lui faisait face. Le désavantage à ne pas avoir de permis, c'était que j'étais obligé de demander à mes parents de me mener partout où j'allais. Sans grande surprise, j'avais eu droit à quelques regards inquisiteurs de ma génitrice lorsque je lui avais demandé d'aller me porter chez Sacha. C'était ça le truc avec les mères : elles se faisaient toujours des idées.

— Est-ce que ton amie est la cousine de Paris Hilton ?

J'ai levé les yeux au ciel.

— Je ne crois pas, non, ai-je répondu. Si c'était le cas, elle aurait tout le quartier rien que pour elle.

Ma mère est resté muette, fixant avec envie la maison qui nous faisait face. J'ai détaché ma ceinture de sécurité, le coeur battant à mille à l'heure. Ça me rendait légèrement nerveux d'être chez Sacha, dans un repaire beaucoup plus personnel que le parc d'attraction.

— Le couvre-feu est à vingt-trois heures.

— D'accord.

— N'oublie pas tes bonnes manières. Sois poli et dis merci.

— Maman...

— Amuse-toi bien ! s'est exclamée ma génitrice. Je t'aime.

J'ai grommelé une réponse, puis j'ai ouvert la portière de l'automobile. J'ai posé le pied sur le pavé uni qui composait l'allée et je me suis tranquillement dirigé vers la maison des Macleod. J'ai frappé à la porte et une femme m'a ouvert presque instantanément. Un sourire s'est glissé sur ses lèvres lorsqu'elle m'a aperçu. Elle ressemblait beaucoup à Sacha, de par ses cheveux blonds et par la forme de son visage. J'en suis donc venu à la conclusion qu'il devait s'agir de sa mère.

— Tu dois être Logan ! m'a salué la dame. Allez, entre.

Je me suis exécuté. L'intérieur de la maison avait raison de l'extérieur. Il y avait quelque chose de chaleureux dans cette maison qui reflétait bien le style victorien. Certes, il y avait quelques éléments plus modernes qui contrastaient avec le style de l'endroit, comme l'immense télévision à écran plat et les luxueux électroménagers de la cuisine. Ce qui m'a le plus frappé c'était que l'endroit était immense, aussi immense que l'extérieur en donnait l'impression. J'aurais rêvé de grandir dans une maison pareille, où les parties de cache-cache devaient être interminables.

J'ai retiré mon manteau et l'ai posé sur un crochet, suivant les instructions de la mère de Sacha.

— Au fait, je m'appelle Denise, s'est-elle présentée. Je suis la mère de Sacha.

— Ravi de vous rencontrer.

— Sacha devrait descendre d'une minute à l'autre. Elle revient tout juste de son cours de piano.

Encore une chose que j'ignorais au sujet de Sacha Macleod : elle prenait des cours de piano. Ça m'a alors frappé de plein fouet : il y avait tellement de choses que j'ignorais au sujet de cette fille. C'était à croire que Sacha aimait jouer la mystérieuse, en ne fournissant que des informations au compte-goutte.

La théorie des cactusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant