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— J'ai une tâche de naissance sur la fesse droite.

J'ai dévisagé Sacha, sans pouvoir cacher ma surprise. Dès qu'elle avait posé les pieds chez moi, elle s'était glissée dans ma chambre et s'était calée dans le fauteuil le plus proche. Depuis, Sacha avait l'air aussi à l'aise qu'un poisson dans l'eau. Il ne lui en fallait pas beaucoup pour s'adapter à un environnement. À vrai dire, c'était loin d'être la première fois qu'elle venait chez moi. Au fil des semaines, elle m'avait rendu de nombreuses visites et pas seulement pour me prêter des bouquins.

Un long silence avait suivi son arrivée, avant que je ne me décide à lui proposer une partie de carte. J'étais à deux doigts de gagner lorsqu'elle a sorti ça, aussi banalement que si elle m'annonçait que le facteur était passé ce matin. Je n'avais pas pu cacher mon étonnement, au grand bonheur de mon amie. Ça n'aurait pas dû m'étonner. Après tout, il s'agissait de Sacha Macleod, la fille qui n'avait pas froid aux yeux. Et puis, plus je passais de temps avec cette fille, plus je prenais conscience qu'elle prenait un malin plaisir à déstabiliser les gens. La plupart du temps, elle le faisait exprès.

— Tu cherches à me déstabiliser, ai-je lancé.

Elle a souri.

— Pas du tout, a-t-elle menti.

— De toute manière, tu vas perdre.

— Ah oui ?

— Regarde-moi bien.

Seulement, Sacha était bien plus maligne que moi. Sa révélation m'avait bel et bien troublé, si bien qu'en une fraction de secondes, ma stratégie s'était envolée. Naïf comme je l'étais, je m'étais bercé dans l'illusion que je pouvais détourner les pièges que me tendaient Sacha. Conclusion : je n'évitais pas ses pièges, je m'y jetais.

— Le temps s'écoule...

J'ai jeté un coup d'oeil à ses cartes, puis aux miennes. Je n'arrivais pas à penser clairement et ça m'embêtait. Incapable d'établir une stratégie, je devais me rendre à l'évidence : j'étais foutu. J'allais perdre et mon orgueil masculin allait en prendre un sacré coup. En me la jouant frustré, j'ai posé mes cartes sur la table, dévoilant mon jeu. Sacha a poussé un cri de joie.

— Il faut croire que j'ai gagné ! s'est-elle exclamée.

— Oh, ça va.

— Es-tu mauvais perdant, Logan ?

Je n'ai pas répondu, faisant mine de bouder. Sacha s'est esclaffée, bien fière de sa victoire.

— Tu as triché ! ai-je protesté.

— Bien sûr que non.

— J'ai une tâche de naissance sur la fesse droite, l'ai-je imité.

— Hé ! Je ne parle pas comme ça !

Ça m'a arraché un sourire.

— Et puis, j'ignorais que mes fesses te faisaient autant d'effet.

J'ai levé les yeux vers Sacha, écarlate.

— Ce n'est pas... Je ne...

Sacha a souri, preuve qu'elle se moquait ouvertement de moi.

— T'es mignon quand tu rougis.

— Arrête de te foutre de ma gueule ! ai-je lancé.

— D'accord, d'accord.

Néanmoins, elle a continué de rire. J'ai soupiré, sachant qu'elle en avait encore pour longtemps. Mes parents devaient se demander ce qui se passait dans ma chambre, ce qui pouvait être suffisamment drôle pour faire rire Sacha pendant des heures. Ceux-ci m'avaient clairement spécifié que je n'avais en aucun cas le droit de fermer la porte de ma chambre. C'était la preuve qu'il me fallait pour comprendre qu'ils s'imaginaient des choses. Il n'y avait qu'à voir le regard d'avertissement que ma mère m'avait lancé quand Sacha avait pénétré dans ma chambre. Comme quoi mes géniteurs s'imaginaient que j'allais coucher avec une fille avec eux dans la pièce d'à côté. Quand c'était Olivia qui venait à la maison, ils n'avaient aucun problème à ce que je ferme ma porte. Encore là, c'était peut-être parce qu'ils connaissaient cette fille depuis qu'elle était gamine et que de toute manière, ils savaient qu'elle était lesbienne.

La théorie des cactusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant