29

1.9K 276 89
                                    


Le soir du vingt juin, une soixantaine de nouveaux finissants célébraient dans un gymnase miteux. Ils dansaient au rythme de la musique, corps frôlant corps, rapprochements après rapprochements. Si j'y avais été, j'aurais pu observer les sourires qui se glissaient sur le visage de chacun de mes camarades au moment où leur chanson préférée s'entamait. J'aurais applaudi après chaque discours, même si je n'en avais pas écouté un mot. Et j'aurais probablement ri aux remarques de Will Roberts qui faute d'être peu subtil, les aurait davantage crié que chuchoté. Ce gars profiterait sans aucun doute de ses dernières heures de gloire. Il ne risquait pas d'avoir autant d'attention à l'école de police, ça j'en étais persuadé.

Il a tant de choses qui aurait pu se passer ce soir-là, mais les choix que nous faisons nous conduisent tous dans des directions différentes. Peut-être que si j'avais emprunté le chemin du bal comme c'était prévu, ce que j'aurais vécu avec Sacha ce soir-là ne ce serait jamais produit. Qui sait, je ne le saurais jamais.

Un samedi matin, à quelques jours du vingt juin, Sacha s'est pointée chez moi avec une requête étonnante.

— Ça te dirait de sécher le bal avec moi ? m'a-t-elle demandé.

Elle était toujours dans son pyjama, soit un vieux tee-shirt usé qui s'accompagnait d'une paire de joggings. Ces derniers temps, Sacha ne prenait même plus la peine de s'arranger pour venir chez moi. Et ça me plaisait. Il n'y avait que mes parents qui restaient légèrement sceptiques en la voyant.

— Pourquoi faire ? ai-je demandé.

— Je n'ai toujours pas trouvé ma robe.

J'ai ri.

— Et alors ?

Elle a levé les yeux au ciel.

— D'accord, ce n'est pas une bonne excuse.

— Dis-le, si tu n'as tout simplement pas envie d'y aller. Ou pourra toujours aller bouffer au centre-ville et se faire un marathon de films en pyjama.

Sacha s'est assise sur le bord de mon lit. Elle a collé son front contre le mien, de manière à ce que je sois obliger à la regarder dans les yeux.

— Tu es un amour ! s'est-elle exclamée.

Et subitement, elle a déposé un baiser sur mon nez en souriant. J'ai ri de plus belle.

— Je te l'avais dit que j'étais un gars romantique.

Elle a rigolé. Son visage étant aussi près du mien, j'ai senti le besoin soudain de l'embrasser. Mes lèvres se sont collés aux siennes comme s'il s'agissait de deux aimants de pôles opposés. Sacha n'a pas mis de temps à me rejoindre dans cette valse, comme si elle avait la même intention que moi depuis le départ. Ma main a commencé à s'égarer tranquillement. J'ai caressé son ventre, frôlé sa hanche pour terminer ma course sur sa cuisse. Sacha a frissonné, ses doigts se baladant lentement sur chaque vertèbre de ma colonne vertébrale.

— Tes parents sont à la maison ? m'a-t-elle demandé entre deux baisers.

J'ai secoué la tête. Tous les deux nous étions à bout de souffle, mais nous continuions tout de même, nos bouches, nos corps, attirés l'un contre l'autre. Plus le baiser s'intensifiait, plus nous nous calions contre le lit. Je suis allé poser un baiser, puis deux, sur son cou. Elle a souri et a glissé sa main dans mes cheveux. Elle était au-dessus de moi, l'une de ses jambes embarquée sur la mienne. C'était carrément le bon moment pour notre première fois : il n'y avait personne pour nous déranger, nous venions d'être diplômé et ça faisait quand même un bon moment que nous étions ensemble... Il ne me manquait plus que son accord.

La théorie des cactusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant