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J'étais allongé sur mon lit, l'ordinateur posé sur les cuisses. Je n'avais pas beaucoup dormi cette nuit, tant cette histoire m'obsédait. Je voulais comprendre. J'avais quitté la maison de Sacha quelques jours auparavant avec cette vision de mon amie, recroquevillée, en pleurs, démolie. J'étais chamboulé, ça n'allait pas. Combien y avait-il de risque que Sacha tombe malade ? Pas beaucoup décidément, mais les statistiques s'étaient bien fichues d'elle.

J'ai appelé Sacha. Elle n'a pas répondu.

Sur internet, la rétinite pigmentaire était considéré comme une maladie causant la destruction progressives de certaines cellules de la rétine, amenant alors la cécité. Une personne sur quatre mille en était atteinte. Et cette personne se trouvait être Sacha Macleod. Pour quelle raison au juste ? Selon Google, il n'y en avait pas. Peut-être l'hérédité, peut-être le hasard. On ne le savait pas. Sacha était malade comme ça, parce que le destin l'avait voulu ainsi. C'était injuste comme ça.

Je l'ai appelée un seconde fois. Elle n'a pas répondu, une fois de plus.

Les rétinites pigmentaires impliquaient les photorécepteurs, soit les cônes et les bâtonnets de l'oeil, ainsi que l'épithélium pigmentaire. Allez savoir ce que ça voulait dire, moi, je n'avais jamais vraiment porté attention à mes cours de sciences. Tout ce que j'arrivais à saisir c'était que cette fichue maladie touchait les yeux et amenait la cécité complète.

J'ai rappelé Sacha. Elle a décroché à la troisième sonnerie.

— Logan ? Qu'est-ce que tu veux ?

— Des explications, peut-être ?

Sacha a soupiré.

— Tu veux jouer à un jeu ? ai-je demandé.

— Pardon ?

— Je te dis trois choses sur moi et tu me dis trois choses sur toi.

Je l'ai senti sourire à l'autre bout du fil.

— Logan...

— Et pas question que tu évites le sujet, Sacha.

Elle n'a pas répondu. J'ai décidé de prendre les devants.

— Première chose à mon sujet : je suis claustrophobe. J'ai horreur des petits espaces.

— T'as peur de tout, en fait.

— Hé ! ai-je protesté. Ce n'est pas vrai.

Sacha a ri.

— Un jour, j'ai piqué une crise à mes parents au supermarché parce que je leur en voulais de m'avoir appelé Logan, ai-je continué. J'avais six ans. Tout le monde nous regardait. C'était gênant.

— T'aurais voulu t'appeler comment ?

— Je sais pas. Daniel ?

— Daniel ? Comme Daniel Radcliffe ? s'est-elle étonnée. C'est un prénom de merde, ça.

— Plus que Logan ?

— Plus que Logan, oui.

Il y a eu un silence. Je me suis raclé la gorge.

— L'autre jour, il y a une fille, tu sais, du genre très jolie, qui m'a brisé le coeur.

Nouveau silence.

— J'ai pleuré comme un gamin pendant une heure. Je suis fragile, tu vois. Enfin, c'est ce que je pense. Ma soeur, elle, croit que je suis dramatique. Moi, dramatique ? Elle est bonne celle-là !

— Logan...

— Dans un excès de colère, j'ai même brisé le livre de la fille en question. Je m'en suis voulu après, alors j'ai tenté de le réparer avec du papier adhésif. C'est pathétique, je sais.

La théorie des cactusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant