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Holly avait bien du mal à nous laisser partir. Elle s'est frottée à nous jusqu'à ce que nous atteignions la porte d'entrée. Sacha l'a couverte de baisers, avant de sortir de l'appartement. Le père de mon amie a porté nos valises jusqu'à sa voiture. Je dévalais les marches du bloc de l'appartement en compagnie de Sacha, lorsque son pied a manqué une marche. La blonde se serait complètement affaissée dans les escaliers si je ne l'avais pas rattrapé à temps.

— Ça va ? ai-je demandé.

— Tu as de bons réflexes.

— Sacha, je t'ai demandé si ça allait.

Elle m'a souri, hésitante.

— Ouais, ça va.

— Tu es certaine ? Il n'y a rien que tu ne me dis pas ?

Sacha a secoué la tête.

— J'ai été maladroite, c'est tout. N'en fais pas tout un plat.

— Je croyais juste que... Non, laisse tomber.

J'ai souri.

— Tu crois qu'on pourrait parler de ce qui s'est passé cette nuit ?

— Maintenant ?

— Euh, maintenant, demain, après-demain, ai-je dit. Peu importe. Tant qu'on ne remette pas ça à jamais. Qu'est-ce que tu en dit ?

Elle m'a pressé l'épaule.

— T'inquiète, Logan.

Je n'ai pas eu le temps d'avoir une meilleure réponse de la part de Sacha puisque son père a fait irruption dans le vestibule du bloc pour nous informer qu'il avait fini de mettre les valises dans le coffre. Sacha m'a pris par la main et ensemble, nous l'avons rejoint. Frederick nous a regardé suspicieux, alors que nous embarquions dans le véhicule.

— Est-ce que j'ai interrompu quelque chose ?

— Non, pas du tout, a assuré Sacha.

J'ai dégluti.

— Il y a quelque chose que je ne sais pas ? a demandé Frederick.

Ni Sacha ni moi n'avons répondu. Au lieu de quoi, nous avons échangé un coup d'oeil complice. Son père a soupiré, peiné d'être mis de côté.

— Vous me cachez un truc.

— Peut-être bien.

Sacha lui a souri. Il a levé les yeux au ciel.

— Ah, les jeunes !

J'ai ri.

Frederick nous a conduit jusqu'à l'aéroport dans sa vieille bagnole. Il nous a raconté des histoires de sa jeunesse, comment il avait eu la même copine pendant deux ans, mais qu'il n'en avait informer ses parents que dans les derniers mois. Sacha écoutait ses aventures - ou mésaventures plutôt - avec fascination. Je me doutais bien que c'était la première fois qu'elle entendait ses histoires.

Durant tout le trajet, Sacha n'a pas cessé de me tenir par la main. J'espérais être d'apparence calme, malgré la tornade d'émotions qu'il y avait à l'intérieur de moi. Mais je n'étais pas un très bon menteur, alors les masques ça ne me connaissait pas vraiment. Sacha devait voir clair dans mon jeu, car elle ne cessait de me jeter de petits coups d'oeil, un sourire glissé sur les lèvres.

Nous nous sommes garés devant l'aéroport une quinzaine de minutes plus tard. Sacha et son père se sont enlacés brièvement dans le stationnement, tout en se murmurant des promesses que j'espérais être tenues. Frederick avait les yeux plein d'eau, alors que Sacha n'affichait que très peu d'émotions. Ceux qui ne connaissaient pas Sacha l'auraient vue comme un robot, mais il fallait voir au-delà de tout ça. C'était seulement sa manière de fonctionner.

La théorie des cactusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant