Chapitre XIV : L'indiscrétion​ mène les Hommes à leur perte ✔

422 98 26
                                    


« - Bonsoir, puis-je prendre vos affaires messieurs dames ? demandait poliment Mindy Ward à ces gens de la haute société qui affluaient massivement vers la salle des fêtes, un sourire de circonstance figé sur ses lèvres.

Quelques minutes avant que la soirée commence, son patron avait parlé d'une prime intéressante pour les employés qui se comporteraient comme des domestiques luxueux à l'égard de ses invités, et pour dire la vérité, Mindu ne disait pas non à un peu d'argent supplémentaire, ses fins de mois étant un peu compliquées ces derniers temps. Alors, si elle voulait être convenablement payée par son Apollon de patron, il fallait qu'elle soit impeccable dans son rôle de maîtresse de maison. Une parfaite petite servante qui récoltait les regards dédaigneux de ceux qui lui auraient baisé les pieds quelques années plus tôt. La vie pouvait basculer si vite ...

Dire que d'après Jim O'Connell l'argent n'était pas un problème pour Bastian ... Il jouait avec ses employés et Mindy n'avait le droit de se plaindre qu'à l'intérieur de son crâne, là où elle pouvait torturer son patron à sa guise. Il ne les déclarait même pas à l'Etat et gagneraient à peine le salaire minimum en règle dans le pays. Elle méritait tellement mieux ... Ils méritaient tous mieux.

Si seulement Bastian était le seul à les exploiter et les traiter comme des moins que rien ! Malheureusement, il y avait aussi les invités. Ces prestigieux convives engoncés dans leurs somptueux habits sombres et certainement à un prix exorbitant étaient presque tous plus insolents les uns les autres.

Pour la plus grande majorité, ils étaient hautains et jetaient leur manteau en fourrure de lapin sans le moindre regard bienveillant ou petit sourire encourageant à la jeune femme. Sans aucun signe de compassion pour cette pauvre Mindy obligée de travailler pour quelques pièces seulement, des heures durant, un samedi soir. À ce niveau-là même le métier de caissière était moins ingrat...

Eux venait d'une classe sociale supérieure à la sienne désormais. Mindy ne savait pas si elle regrettait ces années où elle n'avait pas besoin de bosser dix heures par jour pour payer son minable studio dans une avenue mal fréquentée. Elle ne comptait plus le nombre de fois où les dealers en bas de chez elle l'avaient accostée, l'avait interpellée avec d'affreux sifflements et balancé des blagues salaces sur son passage. Enfin, ils ne l'avaient encore jamais touché, mais rien que d'y penser et elle angoissait encore plus à l'idée de rentrer tard cette nuit-là. Vivement qu'elle change de ville, et même de vie par la même occasion. Histoire de recommencer complètement à zéro. Mais pour recommencer, encore fallait-il avoir les moyens de survivre et Bastian s'était révélé être son meilleur moyen, pour une fille sans diplômes qui avait quitté le lycée avant la fin de son cycle, de gagner sa vie.

Dans ce monde de luxe, strass et paillettes, elle ne méritait plus d'être complimentée sur sa tenue, qui soit disant passant, ne valait pas un sou. Un vieil uniforme mité et qui pourrissait dans les placards de son grand patron, offert avec générosité par celui-ci.

« Quelle chance dis donc ... » pensa la jeune femme en attribuant un numéro de casier à une dame grande, de surcroît perchée sur des talons d'une bonne quinzaine de centimètres. Son corps était mince et son visage figé ne devait cette caractéristique qu'à de nombreuses injections de botox

Tous les gens ici présents voulaient voir Bastian. Ils​ le savaient extrêmement riche et il était probable que la plupart des invités avaient déjà établi un plan d'attaque pour se nouer d'amitié avec lui et par la même occasion " profiter " un peu de sa fortune. Dans le monde des affaires, une règle, que personne ne prononçait à haute-voix mais que tout le monde suivait, était toujours d'usage : L'amour porté à vos amis doit être proportionnel à la grosseur de leur compte en banque et de leur pouvoir. Ainsi, les joyeux convives aimaient déjà Bastian comme un fils prodige, avant même de le connaitre.

Au delà des motsWhere stories live. Discover now