Au delà des mots

Chapitre XXV : Les personnages ne peuvent pas blesser leur auteur ✔

« - Pourquoi est-ce que tu ne m'as pas tuée ?

La voix fluette de Mindy Ward brisa le silence qui s'était invité dans la pièce qui servait de refuge à Caleb et sa protégée. Les yeux comme focalisés sur quelque chose d'invisible, le garçon sembla doucement émergé de l'océan de pensées dans lequel il s'était enfoncé, pour porter son attention sur la jeune fille qu'il avait essayée de tuer.

- Tu devrais plutôt me demander pourquoi j'ai voulu le faire après t'avoir protégée contre mon propre frère ...

Le jeune homme n'osait pas regarder sa protégée droit dans les yeux après la façon dont il l'avait agressée, tordant son cou gracieux sans la moindre compassion. Il ne comprenait même pas comment elle faisait pour rester assise dans la même pièce que lui, sans prendre peur.

S'il avait réussi à se contrôler quelques secondes avant qu'elle ne rende son dernier souffle, il fallait en attribuer le mérite à un miracle. Encore peu et la jeune fille mourait dans ces bras. Caleb s'en voulait tant ...

Sur le cou de Mindy, au-dessus du Médaillon maudit se démarquaient deux marques violettes adoptant la forme des mains de Caleb. A chaque fois que ses yeux tombaient sur la blessure qu'il avait inconsciemment infligée à la jeune femme, il rougissait, se sentant toujours plus honteux.

Caleb se fichait du Médaillon maudit, ou du moins c'est ce qu'il pensait avant d'entrer en contact avec Mindy. C'était comme si son corps tout entier lui avait donné l'ordre de faire du mal à la détentrice du talisman. Son corps était contrôlé par l'Ombre.

- Je l'ai vue aussi, répliqua doucement Mindy son regard focalisé sur Caleb. Et je l'ai entendue ... C'est elle qui te contrôlait. Elle qui te disait quoi faire de moi. Tu n'y es pour rien, tout est de la faute du Médaillon et de cette entité maléfique qu'il a créé.

Caleb fronça les sourcils surpris :

- Tu la vois encore ? Cette entité, tu la vois tout de suite ?Tu sais à quoi elle ressemble ? Tu entends ce que disent ses murmures ?

L'ancienne top model aux cheveux d'ébène qui avait conservé toute sa beauté de lycéenne secoua doucement la tête de gauche à droite.

- C'est ... C'est étrange. Je ne la vois plus mais je la sens. En fait, c'est le Médaillon qui semble réagir à sa présence. Il est si froid depuis qu'elle est apparue, j'en ai des frissons dans tout le corps.

Caleb ne put qu'acquiescer. La chose que son frère surnommait l'Ombre lorsqu'ils étaient plus jeunes le regardait et même s'il ne voyait qu'une silhouette sombre, il sentait son regard en permanence posé sur lui.

Le cadet des O'Connell avait toujours pensé que son frère mentait à propos d'elle. Il avait même imaginé deux hypothèses à une époque plus lointaine. Au départ, lorsque ses camarades de l'orphelinat avaient trouvé Jim en train de discuter seul avec son « amie l'Ombre », Caleb et les autres avaient pensé que son frère se moquait d'eux. Lorsqu'ils regardaient des films d'horreur à l'orphelinat, le garçon était toujours en retrait. Il bondissait sur les enfants pour les effrayer, et regarder un film d'horreur avec Jim O'Connell était devenue une chose bien plus effrayante que le film en question. Les enfants soupçonnaient donc Jim de parler seul uniquement pour les terrifier.

Et puis, il y avait cette deuxième hypothèse, un peu moins probable puisque Jim ne se comportait jamais comme un enfant. Celle qui insinuait que l'Ombre n'était qu'une amie imaginaire que les enfants s'inventaient avec plaisir et facilité, même si l'amie de son frère était peu commune et particulièrement étrange pour un enfant normal, il devait bien l'avouer.