Chapitre XIX : Les âmes noires ont toujours une âme innocente à défendre ✔

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« - Si c'est pour vous énerver vous êtes priez de reprendre place sur votre chaise et de taire votre caprice monsieur O'Connell, je vous prie.

- Un caprice ? Ce n'est pas la définition d'un caprice ! Un enfant qui pleure pour avoir une glace au chocolat plutôt qu'à la vanille, ça c'est un caprice. On est en train de parler de mon petit frère et de son avenir, alors non ça ne se résume pas à un simple caprice.

- Votre frère sera entre de très bonnes mains et vous en êtes parfaitement conscient monsieur O'Connell alors cessez votre mascarade.

Jim O'Connell fulminait. Le jeune homme tout juste entré dans l'adolescence s'énervait beaucoup ces derniers temps, lui qui avant l'incendie était plutôt un adolescent au tempérament calme et réservé avait adopté le statut de brute épaisse en un rien de temps.

- Enfin, il est inutile d'insister jeune homme. monsieur et madame Chase ne recherchent de toute façon pas de second enfant. Et quand bien même, vous êtes trop grand pour eux. Ils ont stipulé être à la recherche d'un seul enfant de moins de huit ans et Caleb correspond à leurs critères.

- J'en ai strictement rien à foutre ! Allez-y, dites-le ! Pourquoi ne pas énoncer les véritables raisons plutôt ? Pourquoi ne pas tout simplement avouer que vous faites tout pour éloigner Caleb de moi le plus possible ?

- Ce sont des bêtises. Je pense simplement que les Chase donneront à votre petit frère la stabilité psychologique qui lui manquera s'il reste enfermé ici sans de nouveaux parents et une nouvelle famille aimante.

Jim O'Connell riait intérieurement. Il savait comprendre les non-dits avant même que le meurtre de ses parents ne détruise toute sa vie. Il comprenait tout ce que la directrice du centre pour orphelins ne lui disait pas.

Mademoiselle Steven avait beau dissimuler la vérité derrière de jolies phrases formelles, Jim savait pertinemment qu'elle ne tolérait plus le voir en compagnie de son propre petit frère. Selon elle, Caleb avait encore une chance de réussir dans sa vie future sans devenir totalement fou à lier.

Elle connaissait Jim O'Connell, ce tout jeune adolescent déjà perdu. Elle estimait que le traumatisme de Caleb était guérissable contrairement à celui de son aîné. Qu'il y avait un âge où les blessures psychologiques s'estompaient et un autre où elles laissaient des traces qui ne pourraient jamais s'estomper, alors autant sauver ce qui était encore sain et décimer le mal à sa racine, pas vrai ?

Si seulement Jim pouvait être certain que son état mental était le résultat des séquelles laissées par l'incendie, par le meurtre de ses parents ...

Pour dire vrai, il ne se sentait pas si différent. Comme des années auparavant il ne restait que, de plus en plus, obnubilé par le Médaillon et son pouvoir, comme un papillon attiré par une flamme.

En réalité, le plus vieux des O'Connell justifiait son comportement violent et étrange de ses dernières années avec l'absence du Médaillon dans sa vie. Sa frustration grandissait de jours en jours et devenait si forte qu'elle noircissait son âme. Si puissante qu'elle déclenchait au fin fond de son esprit des voix. Une voix en particulier.

L'Ombre ... C'est ainsi qu'il appelait cette silhouette vaporeuse qu'il parvenait à distinguer uniquement du coin de l'œil. Elle n'était pas toujours à ses côtés. L'Ombre allait et revenait de façon aléatoire mais il ne pouvait pas la qualifier de simple fruit de son imagination parce qu'elle existait réellement, même si personne ne la voyait. Même si les psychologues l'appelaient une " amie imaginaire ".

Au delà des motsWhere stories live. Discover now