Chapitre XXVIII : Les doutes de Jessica et la naïveté de Caleb ✔

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Jessica Holmes pleurait souvent.

Un caprice, un coup de blues, une forte nostalgie, des pensées sombres, ou encore une sensibilité inexpliquée, il ne se passait pas une semaine sans qu'elle ne verse plus d'une larme.

Elle, qui ne dévoilait pas d'autres traits de sa personnalité que l'arrogance, l'égoïsme et l'égocentrisme, pleurait souvent.

Qui l'aurait cru ? Personne. C'est dans ce domaine que la jeune et jolie Holmes excellait le plus. Celui de dissimuler à son entourage toutes ses failles et ses faiblesses. Elle avait le pouvoir de se montrer sous un beau jour qui n'existait même pas.

Pleurer. Une action pour les faibles. Un verbe pour désigner ceux qui se laissent abattre, piétinés par le sort, au lieu de se lever et se battre.

Pour Jessica Holmes et les gens qui lui ressemblaient, il n'y avait que les faibles qui se roulaient en boule dans un coin pour pleurer.

Peu importe la situation, rien ne justifiait le fait de verser des larmes en public. Les personnes fortes ne craquaient pas, et si certaines faisaient exception à la règle, ce n'était jamais en public.

Jessica Holmes s'était forgée sa propre opinion sur le sujet. Là où sa génitrice disait que montrer ses faiblesses était une chose plus intelligente qu'essayer de les dissimuler, elle pensait fermement l'inverse.

« Tu as mal ? Serre les dents. Les gens te dévisagent ? Ils sentent que quelque chose ne va pas ? Reste de marbre. Pleurer les fera fuir et si tu souris ils penseront avoir le droit de profiter de ta gentillesse. S'ils ne te pensent pas plus coriace, ils se feront un plaisir de te piétiner. » pensait souvent Jessica.

L'avis des autres, la peur d'être moquée ou alors un égo surdimensionné et une haine de voir des personnes essayer de la consoler, elle ne pouvait se permettre de craquer devant les autres

Alors, elle pleurait là où personne ne pouvait la voir.

Dans son lit quand sa mère dormait. Dans les rues lorsqu'elles étaient désertes. Dans la voiture lorsqu'elle était tournée vers la vitre.

Ou alors, elle se planquait dans les toilettes, là où elle ne pouvait pas être vue. Comme aujourd'hui, où elle pressait un papier contre ses lèvres pour s'empêcher de gémir trop fort.

Il n'y avait pas de risques que Caleb et Sara l'entendent. Son amie, barricadée dans l'unique chambre de l'appartement, essayait tant bien que mal de se reposer. Quant au jeune homme, Caleb parlait tout seul à longueur de journée depuis que l'Ombre le hantait. Jessica était complètement persuadée qu'il ne ferait pas attention à des pleurs à peine audibles en provenance des toilettes.

Jamais la jeune femme ne s'était sentie si démunie, si seule, si perdue. Elle avait toutes les bonnes raisons de sangloter. Seulement, même dans une situation si extrême, même après avoir vu sa mère se faire tuer devant ses yeux, elle refusait d'accepter ses faiblesses. Elle refusait de montrer aux gens, même à ses amis les plus proches, qu'elle n'était pas faite de pierre et de glace.

Sa dispute avec Sara la veille l'avait tourmentée toute la nuit. Au contraire, au lieu de montrer les séquelles que ces affreux derniers jours avaient laissé sur elle, elle se renfermait encore plus. Elle attrapait sa tristesse pour en faire une arme tournée contre ses propres amis.

Elle n'avait plus adressé la parole à Sara depuis et peut-être était-ce mieux, ainsi. Jessica savait que la jeune fille n'avait pas voulu devenir la détentrice du Médaillon. Et au début, elle ne lui en avait pas voulu ! Puis les choses n'avaient fait que se dégrader, encore et encore, et ce jusqu'à ce que Jim tue sa mère.

Au delà des motsWhere stories live. Discover now