comment ai-je pu sombrer

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⚠️ce texte ne me représente pas mais il est écris d'une amie j'espère qu'il vous touchera ⚠️

Souvent, je restais là, sans rien faire, mon livre dans les mains, pour donner l’illusion à mes parents que j’étais occupée. Mais ce que je regardais, c’était le ciel, gris dans mes souvenirs ou noir pendant la nuit. Je regardais le ciel, et je voulais disparaître.
Je ne dis pas que je voulais mourir, bien que l’idée m’ait traversé l’esprit, mais que je n’aie jamais été jusqu’à la mettre en œuvre. Non, je voulais juste… cesser d’exister. Et je me laissais couler peu à peu, au chaud dans mon cocon, recroquevillée aussi à l’intérieur.

Au moindre contact humain, avec mes parents ou mes camarades de classe, l’émotion me submergeait : envie de pleurer (depuis, j’ai dans ma famille la réputation d’être « hypersensible »), de m’enfuir et surtout, surtout, cette peur terrible, cette angoisse irraisonnée.
Ça a duré environ deux ans. Mon entourage a mis ça sur le compte de la crise d’ado. En vérité, je me rends compte aujourd’hui que j’avais tous les symptômes de la dépression :

Fatigue et sentiment permanent de n’avoir aucune énergie ni aucune force pour quoi que ce soit
Tristesse immense, envahissante
Alternance entre périodes d’insomnies et périodes d’excès de sommeil
Dévalorisation constante (« Je ne sers à rien, je suis nulle, personne ne m’aime »)
Culpabilité à propos de ces émotions (« C’est vrai, moi j’ai de quoi manger et un endroit où vivre, c’est le syndrome de la pauvre petite fille riche, je n’ai pas le droit de me sentir aussi mal sans raison »)
Crises d’angoisse
Peur permanente de tout
Confusion intellectuelle, avec l’impression que mon cerveau avance dans des sables mouvants et la moindre contrariété qui se transforme en problème énorme et insoluble.
Bien évidemment, à l’époque, je n’en ai parlé à personne. Principalement à cause de ce sentiment de culpabilité. Ma mère fait partie de ces personnes qui ne se plaignent jamais, ne vont jamais chez le médecin, ne s’écoutent pas. Quand j’étais malade, elle me disait « Arrête ton cinéma ».

Comment pouvais-je lui parler de mon mal-être ? Elle ne m’aurait pas écoutée, ou se serait moquée de moi. Alors j’ai vécu, ou survécu, comme je pouvais, et finalement, à mon entrée au lycée, Rien n'avait changé..

Journal D'une Suicidaire Where stories live. Discover now