2] Enchanté

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Les deux hommes qui arrivent aux côtés de Line sont l'un comme l'autre baraqués et physiquement puissant, ce qu'Oxelle est ravie de voir car ainsi ils pourront aisément l'aider à sortir sa voiture de la gadoue.
Plus ils se rapprochent plus elle peut voir leurs visages. L'un a dans les environs de cinquante-cinq ans, ses cheveux sont gris et ses traits marqués par la vie mais loin de paraître affaibli par le temps il semble au contraire être dans la force de l'âge et ne pas en sortir de si tôt. Sa mâchoire particulièrement carrée est soulignée par une fine barbe blanche qui ne fait qu'appuyer sa virilité et une balafre cicatrisée depuis longtemps déjà orne le côté gauche de son visage, commençant à la racine de ses cheveux jusqu'à sa pommette. Oxelle se demande comment une telle blessure a pu se produire mais elle se doute que c'est un miracle s'il a encore son œil.
Le second est lui bien plus jeune. Sans doute aux alentours de l'âge des deux jeunes femmes, aux cheveux noirs en pagaille, aux épaules carrées et au regard sombre.
Un air flagrant de famille fait comprendre à la jeune femme qu'il s'agit sans nul doute d'un père et son fils.

Elle ouvre sa portière et sort légèrement de sa voiture tout en gardant une de ses mains sur le volant pour les interpeller:

-Oh merci beaucoup de venir. On est vraiment désolées, la voiture s'est embourbée d'un coup...

Le plus âgé, au regard pourtant si sévère, illumine soudainement son visage d'un gigantesque sourire amical et sincère qui rassure Oxelle, se sentant légèrement coupable de devoir leur demander de l'aide.

-Oui votre amie nous a dit. Aucun problème on va vous sortir de là. C'est à cause de la pluie de ces dernières jours toute cette gadoue. Vous avez de la chance, vous arrivez pile pour une semaine de beau temps...

Oxelle sourit en retour et se rassoit à son siège avant de rallumer le monteur. Elle attend que les deux hommes et Line se placent au niveau du coffre pour pousser et lorsqu'on lui fait signe elle démarre.
Avec la force des trois personnes réunies il ne faut que quelques secondes à Oxelle pour réussir à sortir de la boue.
Elle roule précautionneusement jusqu'à la sortie du chemin et sur la gauche trône une grande maison. Elle est ancienne, mais suffisamment entretenue pour rester debout sans pour autant lui retirer son âme.
Oxelle se gare à côté de deux autres voitures et sort.

Les deux hommes et Line arrive à sa rencontre.

-Merci encore hein!
-Mais c'est normal!

L'homme aux cheveux gris lui tend la main qu'elle accepte aussitôt en souriant.

-Silvain, enchanté.
-Oxelle.
-Et voici Prosper, mon fils.

Ce dernier la salut d'un léger signe de tête et contrairement à son père n'a pas la moindre trace de sourire sur ses lèvres.

-Prenez vos affaires, je vais vous faire visiter.

Line ouvre le coffre et en sort la petite valise qu'elles se partagent puis Oxelle prend son sac à dos qu'elle enfile sur une de ses épaules avant de verrouiller les portières de la voiture.
Elles suivent Silvain qui monte les marchés du perron et Oxelle jette un coup d'œil à Prosper qui part contourner la maison sans un mot.

Line fait la conversation:

-Elle est magnifique cette maison. C'est à votre famille depuis longtemps?
-Oh oui des générations et des générations. C'est mon père qui a eu l'idée d'en faire une maison d'hôtes. C'est si grand... il faut bien faire vivre cet endroit. Pourquoi serions nous les seuls à en profiter?...
-Et combien êtes vous ici sans compter les visiteurs qui se relaient?
-Et bien il y a mes quatre fils, dont Prosper que vous venez de rencontrer. Il est assez... renfermé et silencieux, ne faites pas attention. Il a vingt-deux ans. D'ailleurs quel âge avez vous demoiselles?
-Vingt-quatre, et Oxelle vingt-trois.

En entendant son prénom cette dernière quitte du regard l'endroit où Prosper a disparu de son champs de vision et revient à la réalité.
Silvain ouvre la porte d'entrée et laisse les filles s'engouffrer à l'intérieur avant de les suivre en refermant la porte derrière eux.

Ils les guident dans la pièce sur leur droite et les deux jeunes femmes se retrouvent alors face à toute la petite famille, aux sourires éclatants et aux regards chaleureux.

Oxelle craignait d'être tombée sur des gens froids et austères en voyant ce premier fils, mais maintenant qu'elle découvre les autres membres de cette maison d'hôtes elle réalise que de toute évidence ces gens sont la définition même de la gentillesse et de la courtoisie et se sent véritablement idiote d'avoir faillit croire en son instinct...

OxelleWhere stories live. Discover now