59] Agonie

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Oxelle a le visage a seulement quelques millimètres du parquet. Il lui faut un instant pour réaliser ce qu'elle vient de faire. Et soudain lorsque du sang apparaît sur ce même bout de parquet qu'elle est en train de fixer elle se redresse subitement et se retrouve face à face avec Modeste, allongé sous elle, les yeux exorbités et la bouche ouverte à chercher désespérément de l'oxygène.
Elle se relève précipitamment en se tenant au chambranle de la porte et peut alors constater les dégâts de ce qu'elle a fait. Le couteau est fermement planté au niveau de l'abdomen, le t-shirt de l'homme est déjà presque totalement imbibé par le sang et la flaque rouge grandit petit à petit autour de lui.

Oxelle n'en peut plus.
Sans pouvoir se retenir elle se tourne sur le côté et vomi violemment derrière la porte jusqu'à ce qu'on estomac n'ait même plus de l'eau à rejeter...

Nina arrive dans le dos d'Oxelle et s'arrête à ses côtés, fixant Modeste agonisant au sol.

-Cinq ans... cinq années. Et tu pensais qu'avec trois belles phrases j'accepterai de me soumettre?

Elle marque une pose et essuie furtivement les larmes qui ne cessent de couler de ses yeux rougis avant de reprendre:

-Tu m'as violée. Autant de fois que cela te plaisait. Tu m'as attachée sur ce matelas et bâillonnée pour que je te sois utile simplement pour ce que tu souhaitais. Ce n'est pas parce que tu parles bien et que tu parais gentil que ça fait de toi un homme bon. Tu es un putain de fumier, comme tout le reste de ta putain de famille. Et là tu vois, on est en train de gagner. Et le meilleur dans tout ça, c'est que bientôt tout souvenir de toi aura disparu de la mémoire d'Hyppolyte. Il ne saura jamais qui tu es ou ce que tu m'as fait. Parce que tu ne mérites pas qu'on se souvienne de toi. Alors tu vas crever et tu vas pourrir dans l'inconnu et l'indifférence la plus totale, pendant que moi je vais continuer de vivre et j'élèverai mon fils pour qu'il devienne quelqu'un de bien, et pour que jamais il ne puisse avoir un seul point commun avec toi.

Et sur ce dernier mot Nina lui crache au visage sans la moindre pitié.

Modeste est toujours en vie, incapable de parler. Essayant de respirer en vain. Il va mourir, il le sait. Tout ce qu'elle dit est vrai.

Mais soudain, dans ce silence seulement perturbé par les bruits d'agonies de l'homme, une parole innocente s'élève dans la pièce:

-Papa.

OxelleWhere stories live. Discover now