90] Larmes

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-Je... je vois le crâne! Tu y es presque c'est bon! Encore un coup! Une simple dernière poussée et tu seras libérée Nina! Juste une dernière!

Juste une dernière...

-Lorsqu'il... sera sorti je... ne veux... pas le voir. Emmène le. Loin... loin de moi...

Oxelle hoche la tête, prête à obéir à toutes les demandes de son amie. Elle enveloppera le petit corps sans vie dans une serviette et elle ira l'enterrer. Simplement. Comme s'il n'avait jamais existé...

Nina s'exécute enfin, avec une force et une puissance dont elle s'ignorait totalement capable, repoussant encore plus ses limites.
Mais cette fois-ci c'est encore plus douloureux que toutes les poussées et les contractions qu'elle a subit. La souffrance est si atroce qu'au moment où la tête sort enfin le hurlement de Nina semblerait tout droit sorti du cœur des enfers.

Oxelle guide le corps et l'aide à sortir entièrement de Nina, la faisant enfin cesser de hurler.
Mais lorsque cette dernière se tait, le hurlement lui pourtant ne cesse pas.

Nina et Oxelle échange un regard une fraction de seconde et lorsqu'Oxelle baisse les yeux sur le petit etre recouvert de sang qu'elle tient entre ses mains elle réalise que c'est lui. C'est bien lui qui est en train de hurler.
Il est en vie. Il est en vie!

Les yeux d'Oxelle se noient instantanément de larmes incontrôlables et un sourire absolu vient couvrir son visage tandis que l'enfant si petit gesticule entre ses bras en criant.

-C'est... une fille.

Sans cesser de pleurer de bonheur elle vient délicatement poser le nouveau-né sur la poitrine de Nina qui elle aussi pleure toutes les larmes de son corps de joie malgré la douleur, physique et psychique.

Nina tient contre son cœur la petite fille, laissant aller tout. Toutes les émotions, toutes les souffrances, tout ce qu'elle a traversé. Elle laisse retomber sa tête contre le carrelage, continuant de pleurer encore et encore, son sourire ne s'effaçant pas de son visage.

De toutes les sentiments qu'a connu Oxelle: la culpabilité lors de la mort de ses parents, la tristesse infinie pour faire leur deuil, les joies qu'elle a partagé toute sa vie avec sa sœur, son amour pour Maxence, la terreur depuis qu'elle est arrivée dans cette maison, le courage, la détresse, le désespoir et tout le reste, ce bonheur là est de loin le sentiment le puis fort de tous. Son cœur en exploserait presque dans sa poitrine.

La porte de la salle de bain s'ouvre soudainement et un visage timide apparaît: Hyppolyte.
Oxelle lui fait aussitôt signe de s'approcher:

-Entre. Viens voir! Tu as une petite sœur...

Il ouvre en grand et vient jusqu'à sa mère, au visage si épuisée, baignée de larmes mais cependant illuminé d'un sourire incroyablement beau. Il s'agenouille sur le sol et Nina tend l'une de ses mains pour venir le serrer lui aussi contre elle.

Une nouvelle vague de sanglots monte en Oxelle en voyant ce tableau qui lui paraissant il y a encore quelques heures totalement impossible.
Nina la regarde et tend sa main pour la faire approcher, ce qu'elle fait. Elle se penche alors, et enveloppe elle aussi la petite fille et le garçon dans ses bras jusqu'à étreindre également Nina.

Et en cet instant, aucun mot ne saurait décrire ce que ces deux jeunes femmes ressentent. Simplement cette étreinte, plus parlante que n'importe quoi d'autre, et ces larmes, plus bruyantes que tout le reste...

OxelleWhere stories live. Discover now