Les bras d'Oxelle sont retombés le long de son corps, ses yeux se sont fermés et plus aucune résistance n'émane d'elle. Prosper comprend qu'elle a perdu connaissance et qu'il lui suffit de serrer encore un peu, serrer simplement ce qu'il faut pour que cette perte de connaissance devienne synonyme de mort.
Le sang continue de couler de sa plaie, encore et encore. Les points de suture qui ont sauté ont arraché sa chair sur les bords de la blessure et n'ont fait qu'aggraver son état. Le jeune homme est pâle. Son corps est en manque d'oxygène car en manque de sang. Son cœur a beau s'accélérer il ne trouve plus rien à donner à son cerveau et à ses membres. Ses mains tremblent, ses muscles n'arrivent plus à se contracter, ses doigts son endoloris et son esprit embrumé. Le sang ne veut pas cesser de s'échapper de son corps. Et soudain, comme Oxelle, il se sent partir. Simplement, doucement. La vie s'échappe de son corps comme elle s'est échappée de celui de la jeune femme. Alors, lentement et en silence, comme une feuille dans le vent, il s'effondre sur le côté, emportant avec lui le corps d'Oxelle. Leurs visages ne sont qu'à quelques centimètres l'un de l'autre, face à face, lui aussi pâle que la neige, elle aussi rouge que le sang.
Prosper sait qu'il est en train de mourir. Mais que lui importe? Ses parents sont morts, ses frères aînés sont mort, sa sœur enceinte de lui est morte, alors que lui importe de vive maintenant? Honoré fera un meilleur patriarche que lui, il le sait. Il reconstruira sa propre famille, il sauvera son nom... Prosper a vengé la mort des siens, et c'est tout ce qui compte. Oxelle est morte, comme tous ceux qu'elle a assassiné, et maintenant il est près à les rejoindre. Il ferme alors les paupières et laisse la faucheuse emmener son âme hors de son corps, rejoindre ceux qu'il aime... Paisiblement.
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Honoré ne trouve rien ni personne. Sa hache à la main il a couru, encore et encore, le long de la plage, dans la forêt et tout autour de la maison à la recherche d'une trace, d'une piste, d'un indice. Il sait chasser, il sait reconnaître des traces de pas dans la terre ou le sable, et désormais il en est certain: les filles ne sont jamais passées par là. Mais elles ne sont pas sorties par devant alors il comprend. Il comprend qu'il avait tord: elles sont toujours dans la maison. Seules avec Félicité et Prosper blessé!
Le jeune homme court, court plus vite que jamais pour rejoindre son frère et sa sœur. Il n'aurait jamais dû partir. Car il ignore réellement pourquoi, mais un abominable pressentiment ronge son cœur. Un pressentiment qu'il n'arrive pas à faire taire.
