16] Obscurité

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Oxelle est sonnée, sa vision est trouble et elle n'arrive à distinguer rien d'autre que le goût du sang dans sa bouche. Modeste et Fidèle la jette sur son matelas.
Silvain repose la chaise dans un angle de la pièce avant de revenir vers la jeune femme, qui est recroquevillée à ses pieds.

-Je te pardonne pour cette fois, mais ne réitère pas une erreur aussi grossière.

Il s'accroupit et vient attraper son menton entre ses doigts pour relever son visage:

-Ne crois pas être la seule à avoir été une petite rebelle. Mais je peux t'affirmer qu'aujourd'hui elle le regrette amèrement...

Oxelle ne comprend pas à qui il fait allusion ni de quoi il parle mais presque aussitôt il vient apporter une réponse à ses interrogations en se retournant et faisant un signe de tête à Honoré et Prosper qui s'écartent alors l'un de l'autre pour laisser à sa vue ce qu'ils cachaient derrière eux depuis le début.

Lorsqu'Oxelle regarde dans la direction qu'ils veulent et découvre ce qui lui fait face, la terreur qu'elle éprouve alors est telle que son souffle se coupe et qu'elle ne peut même pas hurler. Une douleur lui presse la poitrine et elle a la sensation que ses poumons vont imploser dans sa cage thoracique.
Silvain éclate d'un petit rire en se relevant:

-Ne fais pas cette tête voyons, elle fait partie de la famille... Comme toi désormais. Mais tu peux encore avoir plus de liberté qu'elle, alors réfléchis à tes choix. Sur ce nous allons vous laisser... faire connaissance...

Quelques petits ricanements s'élèvent et les cinq hommes sortent de la cave en prenant soins de refermer à clef la porte derrière eux.

Oxelle est désormais seule, dans une obscurité seulement dissoute par une petite ampoule pendouillante au plafond comme un pendu à sa corde. Enfin seule... non.
Car face à elle, à l'autre bout de cette petite pièce, un autre matelas identique, et sur ce matelas, une autre jeune femme...
Mais contrairement à Oxelle, elle n'est pas libre de ses mouvements et de sa parole.
Cette inconnue est bâillonnée par un mécanisme en métal qui renferme toute la partie inférieure de son visage, ne laissant voir que son nez et ses yeux, teintés d'une terreur plus profondément encrée que n'importe quoi.
Elle est assise sur son matelas, ses mains liées dans son dos et ses chevilles enchaînée au mur ne lui laissant que très peu de mou pour bouger. Sa peau est d'une pâleur cadavérique et elle n'est vêtue que de loques sales et usées.
Depuis combien de temps est-elle enfermée ici, Oxelle n'en a aucune idée, mais il suffit de voir la fatigue de ses traits, le manque de vitamine C de sa peau et la peur résignée dans son regard pour comprendre qu'elle n'est pas sortie de cette cave depuis bien plus longtemps qu'Oxelle ne pourrait seulement le concevoir.

Ses yeux descendent alors doucement sur son ventre, et malgré l'ampleur des tissus et la pénombre ambiante, elle distingue la forme arrondi de ce dernier.
Cette femme est enceinte.

Et soudain les paroles de Silvain lui reviennent en mémoire:

« Fidèle est mon aîné, ce sera à lui de prendre le flambeau et de continuer comme je l'ai fait à veiller sur les siens. Mais après lui qui, qui pourra continuer? Il doit avoir une descendance, c'est vital... »

Et à cet instant précis elle réalise qu'en effet, sa mort n'est pas proche, bien au contraire. Elle sera maintenue en vie ici le plus longtemps possible, des années, pour qu'elle donne une descendance à cette famille.

« Elle fait partie de la famille... Comme toi désormais. »

Oxelle n'est pas seulement la victime de fous, elle va être contrainte de veiller à la continuer de cette lignée de psychopathes...








Oxelle n'est pas seulement la victime de fous, elle va être contrainte de veiller à la continuer de cette lignée de psychopathes

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