Oxelle

57] Orphelins

Lorsque le hurlement retentit Félicité et Prosper, allongés nus l'un sur l'autre, s'arrêtent brusquement dans leurs ébats et échangent une fraction de seconde un regard avant de se relever et de se rhabiller précipitamment avant de sortir de la chambre et de dévaler les escaliers à toutes jambes.
Modeste lui était devant la maison, s'occupant du moteur d'une des voitures lorsqu'il entendit le cri et se précipita à l'intérieur comme les autres.

Ainsi, Félicité, Proser et Modeste arrivent en même temps dans l'embrasure de la porte de la salle à manger près de leur petit frère agenouillé tenant sa mère dans ses bras.

Tous trois fixent le spectacle qui leur fait face avec horreur dans un silence absolu.

Finalement c'est Modeste qui reprend quelque peu le contrôle de lui même en premier et articule lentement, la bouche sèche et la voix saccadée:

-Où... est... Fidèle?

Prosper échange un regard avec son frère aîné et se tourne alors vers la porte de la cave, ouverte. Modeste suit son regard et lâche sidération:

-Les putes...

Prosper avance et descend les escaliers de la cave sous le regard de ses frères et de sa sœur.
Il remonte quelques secondes à peine plus tard, les yeux baissés et le visage fermé, car même si les conflits étaient forts avec Fidèle il n'en restait pas moins son frère...

-Mort...

Félicité pousse un gémissement d'horreur et se retient à l'embrasure de la porte pour ne pas s'effondrer, cachant son visage dans sa main.

Modeste demande alors d'un ton insistant:

-Nina?
-Elle s'est aussi échappée... Oxelle a dû le tuer seule, lui a pris ses clefs et a libéré Nina.

Honoré renifle et essuie son visage du revers de sa manche, n'étalant alors en réalité sur ce dernier que davantage de sang, puis se relève doucement. Il tourne son visage vers sa sœur et articule entre ses dents serrées:

-C'est ta faute... c'est toi qui l'a ramenée ici. C'est toi!

Et sans pourvoir se contrôler il gifle violemment Félicité qui pousse un petit cri de surprise.

Prosper avance d'un pas vers eux:

-C'est n'est pas le moment! Il faut les arrêter! Elles sont peut être déjà loin! Si elles réussissent alors tout sera fini, tout ce que nos parents ont construit sera perdu... Ils connaissaient les risques, mais ils nous ont élevés pour continuer de faire vivre cette famille, et il est hors de question que nous laissions deux garces tout détruire!

Tous hoches la tête. Il a raison...

-Félicité et Honoré, chargez vous du terrain sur l'arrière de la maison, Modeste et moi on va les chercher devant vers la route.

Aussitôt Honoré et Félicité s'exécutent et Prosper comme prévu se met à courir pour sortir sans faire attention à ce que Modeste le suive bien. Mais ce dernier reste justement figé. Il ne bouge pas, ne quitte pas la maison comme les autres...

Il ne sait pas pourquoi mais quelque chose le retient. Un instinct...
Et soudain, une lueur surgit:

-Hyppolyte!